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Midi Libre 18 juin 2013
Midi Libre 16 mai 2013
S’envolent les années
Mais la sève demeure
Dans tes membres puissants
Tu es pareil à l’arbre
Comme les feuilles au vent
Tu dévales en courant
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11e Scribe d'Or
2 mai 2013 | Cette soirée Musc’art, 9ème du nom, s’annonçait un peu spéciale ce jeudi soir. Elle a tenu ses promesses. Par la qualité et l’origine des invités, plus nombreux qu’à l’habitude. D’où le risque inévitable de poser problème aux temps de prise de parole. Mais à 20h, après deux heures d’intenses échanges, l’on passait à table, celle de la Casa di Luigi, pour le dîner convivial qui a rassemblé presque tous les 35 participants à la soirée. Angela revenait ensuite vers Catherine Gaillard-Sarron, son invitée d’honneur, pour lui remettre son diplôme de lauréate du prix des poètes Francophones du concours « De la poésie avant toute chose », lancé par Thau-Info.
11e concours littéraire du Scribe d'Or & Prix littéraire de la Ville de Moudon 27 avril 2013 Dans tout son... éclat ! Nouvelle extraite du recueil "La fenêtre aux alouettes" et lue le 27 avril lors des résultats à Moudon. Carmen se mordit la lèvre et mesura soudain le gouffre qui les séparait. Carlos ne changerait jamais : il la désirait, la voulait sienne, mais il ne l’aimait pas. Cet énième éclat au restaurant, quant à sa pseudo infidélité, avait au moins le mérite de mettre en lumière ce qu’elle ne se résignait pas à admettre : elle ne l’aimait plus. Face à ce visage déformé par la jalousie, cette explosion de colère qui avait sidéré jusqu’au serveur, tout était devenu clair, limpide comme du cristal. Comment avait-elle pu être aussi aveugle ? Comment pouvait-elle avoir confondu l’amour avec cette possession maladive dont elle était l’objet ? Confronté une fois encore à la violence injustifiable de son compagnon, et, qui plus est, le jour de leurs noces de cristal, son amour avait volé en éclats. Carmen voyait enfin son mari tel qu’il était : un homme stupidement jaloux. Derrière elle, Carlos referma brusquement la porte de l’appartement. Elle sursauta. Si un temps ses racines espagnoles avaient nourri de leur fougue cette relation aussi tempétueuse qu’impétueuse, ce n’était plus le cas. Ce soir, la passion d’antan n’était plus qu’un amas de cendres refroidies. Pareil au puits de pétrole en feu que l’on éteint avec de la dynamite, le souffle de sa haine avait tout balayé : ne subsistaient de l’exaltation primordiale que les flammes qui zébraient son regard de jais. Sans tenir compte des insultes et des lueurs assassines qui allumaient les yeux de son époux, Carmen se dirigea vers la chambre à coucher. Elle avait l’habitude. Carlos lui rejouait cette comédie à chaque sortie. Il buvait ensuite quelques whiskys pour se calmer et s’endormait devant la télé. Le lendemain, il était de nouveau amoureux et s’excusait. Mais cette fois, elle en avait assez. Assez de ses manipulations perverses. De son égoïsme et de sa jalousie pathologique qui, à trente-sept ans, la laissaient le ventre et le cœur vides. Elle ne voulait plus participer à ce jeu stupide. La façon dont il l’avait traitée tout à l’heure au restaurant lui avait fait l’effet d’un électrochoc. La honte lui cuisait encore les joues. Et dire que c’était sur son insistance qu’elle s’était retrouvée dans cette horrible situation ! Elle l’entendait encore : « Ma chérie ! quinze ans de mariage, ça se célèbre ! Il faut fêter ça ! » Il avait tout gâché, tout brisé. Ce butor égocentrique méritait une bonne leçon. Son ami Salvatore avait raison. Elle méritait mieux que ça. Rapidement, elle jeta quelques effets dans un sac de voyage, emplit pêle-mêle sa trousse de toilette et sortit précipitamment de la chambre. Elle ne craignait pas Carlos, mais l’alcool et la jalousie étaient un cocktail qu’elle redoutait. Elle s’apprêtait à descendre l’escalier lorsqu’il surgit devant elle. — Où tu vas comme ça ? dit-il en l’attrapant par le bras. — Je me tire, figure-toi ! J’en ai plus qu’assez de ta foutue jalousie. — Tu ne sortiras pas d’ici ! gronda-t-il, menaçant, en lui arrachant brutalement son sac. — Il ferait beau voir que tu m’en empêches, fulmina Carmen en tentant de reprendre son sac. Dans l’altercation, il lui souffla son haleine alcoolisée au visage et elle ne put réprimer une grimace de dégoût. Vexé, il la fit valdinguer contre le mur où elle perdit l’équilibre. Recroquevillée sur le sol, Carmen prit peur. En changeant les règles, elle avait perdu le contrôle du jeu et n’avait plus aucune idée des réactions de Carlos. En face d’elle, parfaitement étranger, ce dernier n’avait effectivement plus rien de l’homme qu’elle avait cru aimer. Ivre, brutal, haineux, il la regardait tel un prédateur observe sa proie. Le cœur de Carmen se mit à cogner dans sa poitrine. Des faits divers sordides lui revinrent en mémoire. D’une voix dure et râpeuse, il cracha : — Tu vas retrouver ton amant, hein ? Avoue ! Elle déglutit avec peine et sa voix trembla. — Je te préviens, j’ai appelé Nath. Elle sera là dans dix minutes. Il ricana. — Tu pensais me baiser, mais c’est moi qui vous baiserai toutes les deux ! À cet instant, la sonnerie étouffée d’un portable retentit. Carlos se mit à fouiller fébrilement dans le sac qu’il tenait toujours à la main. Carmen en profita pour se relever et courut en direction de l’escalier. Voyant sa proie lui échapper, Carlos lâcha le sac et se lança à sa poursuite. Soudain, Carmen le sentit derrière elle, prêt à bondir. Elle se baissa in extremis. Emporté par l’élan, Carlos vola au-dessus d’elle, défonça la barrière de la mezzanine et plongea dans le vide… Leurs deux cris se mêlèrent un instant, puis le silence se fit. Mortel. Choquée, Carmen se redressa en flageolant et s’avança prudemment au bord de la mezzanine éventrée. Deux mètres plus bas, désarticulé sur la table du salon fracassée, Carlos gisait au milieu d’une mare de sang, de whisky et de verre. En contemplant son mari inerte, Carmen repensa à la voyante qu’elle avait consultée il y avait moins d’une semaine : « Je vois de la passsssssion, une passssssion renverrrrsssssante. Et de l’éclat, beaucoup d’éclaaaaaaaats… », avait-elle susurré en transe devant sa boule de cristal. Effectivement, la chute de leur histoire s’avérait renversante ! Mais point n’était besoin de boule de cristal pour prévoir un tel gâchis songea Carmen en composant le 17 sur son portable. In whisky veritas ! Et Carlos, fidèle à lui-même, était tout simplement parti dans un dernier éclat… de cristal. Noces obligent… |
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