L' E N V O L |


Les visages se défont
Tombent les masques.
Aimer encore, aimer sans voir
Croire...
As-tu fait tes bagages ?
Silence au-dehors
Tumulte au-dedans La mort passe. |
Tombe ouverte Les vivants se referment la mort sépare |
Je ne suis pas seule, je suis avec tous ceux qui souffrent et tous ceux qui aiment...
Poèmes extraits du carnet L'envol
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Naufrage |
Pierrot |
Juste après l’aube ce matin
Tu as pris la route du ciel
Sans nous tu t’es mis en chemin
Pour aller chercher le soleil
Tu es parti sans prévenir
Le cœur serré sur un sourire
Nous délivrant pour tout message
La paix gravée sur ton visage
Mais ton voyage vers la lumière
A empli nos coeurs de chagrin
Car il nous prive de ta chaleur
Et fait de nous des orphelins ;
Où que tu sois sur le chemin
Entends Papa notre prière
Que notre amour guide tes pas
Comme tu as su guider les nôtres
Et qu’il éclaire ton passage
Comme tu as éclairé nos vies.
Vaillant capitaine au long cours
Vogue pour toujours sur notre amour.
Le prononcer encore une fois
Ce mot qui est mort avec toi
Le formuler de vive voix
Pour ne pas m’éloigner de toi
Le chuchoter autour de moi
Pour perpétuer ton souvenir
Le dire pour ne pas t’oublier
Toi que je ne peux plus nommer
Le prononcer encore une fois
Ce mot que je n’entendrai plus
Le murmurer dans le silence
Maintenant que tu es parti
L’exprimer une dernière fois
Ce mot que je ne dirai plus
L’épeler une ultime fois
Ce petit mot que j’ai chéri
Et le garder comme un trésor
Dans les plis secrets de mon cœur
Pour que toujours je me souvienne
Du tendre écho de ses syllabes
Papa…
Tel un marin perdu qui erre sur la mer
Et crie, soudain heureux, voyant la côte au loin :
Terre, terre !
Mon cœur gonflé de peine crie sa souffrance au vent
Et hurle au silence ces mots désormais vides :
Père, père !
Car il n’y a plus de terre pour mon cœur égaré
Plus d’île ou de presqu’île où poser mon amour
La mort en un instant a tout fait disparaître
Engloutissant d’un coup celui que j’aimais tant
Et sans fin je dérive sur l’eau de ma tristesse
Recherchant dans la houle des fragments de bonheur ;
A présent plus de bras pour serrer mes épaules
Plus de sourire aimant pour accueillir mes pas
Ta voix s’est envolée, ton regard s’est éteint ;
Plus de ciel dans ma vie et d’étoiles dans mes nuits
Plus de joie dans mon cœur et de père à aimer...
Et j’erre dans la tourmente comme un vaisseau fantôme
Les cris de ma détresse déchirant les ténèbres :
Mère, mère…
Loin de vous frères et sœurs aimés
Mon cœur se gonfle et se déchire
Telle une voile dans la tempête
Il claque au vent du désespoir.
Dans la communion de nos larmes
Ma plaie brûlante j’avais lavé
Mais ma souffrance est indicible
L’absence a ravivé sa perte.
Sur l’océan de ma douleur
Sans votre amour à mes côtés
J’affronte seule les rouleaux
Qui mettent mon cœur en lambeaux.
Dans le silence de la nuit
Sa voix murmure à mon esprit
Je le vois danser et chanter
Serrer Maman tout contre lui.
Je navigue les yeux fermés
Sur mon radeau sans gouvernail
Disparaissant entre les vagues
Qui m’entraînent au fond du passé.
Tous mes souvenirs me font mal
Broyant mon âme de chagrin
Car désormais de sa présence
À tout jamais ils sont vidés.
Sur mon esquif en perdition
Claque la voile de l’absence
La mort a volé sa parole
Et emporté son doux sourire.
Aujourd’hui mon cœur s’est brisé
Et il chavire de tristesse
S’en est allé le capitaine
Qui barrait notre beau vaisseau.
Dans le ventre du monde
Où tu es retourné
Le cœur et l’âme ceints
De notre amour serein
Tu parles avec faconde
Aux étoiles étonnées
Nimbant de ta lumière
La voûte interstellaire.
Désormais délivré
De sa lourde cuirasse
Ton esprit libéré
Se déplace avec grâce
Il file dans l’espace
Aux reflets irisés
Éclairant de sa trace
Toute la voie lactée.
Dans le ventre du monde
Où tu es retourné
À jamais préservé
De la faucheuse immonde
Accompagne nos pas
Dans le monde d’en bas
Et souffle dans nos cœurs
Toujours empreints de peur
Cet amour éternel
Qui emplit tout le ciel.
Il était fort, il était tendre,
Il avait du ciel plein les yeux
Et du soleil au fond du cœur
Il parlait fort, il parlait bien,
Il avait des mots plein la tête
Et des sourires au coin des lèvres
Il avait tant de choses à dire
Il avait tant de choses à lire
Il était la petite musique
Qui faisait tourner tous nos cœurs
Ses yeux étaient comme des étoiles
Vifs et brillants d’intelligence
Il nous apportait ses lumières
Nous éclairait de son savoir
Il aimait danser et chanter
Et faire la fête avec nous tous
Il aimait les livres et Blaky
Sa famille, le vin et la vie,
Il aimait surtout sa Mimi
Avec amour, de tout son cœur,
Il était notre capitaine
Tenant la barre de la maison
Mais s’est brisé le mât d’misaine
À l’aube d’un jour de tempête.
Il avait du ciel plein les yeux
Il était fort, il était tendre,
Et nous l’aimions infiniment.
J’avance, le corps et l’âme emplis du souffle de la vie,
J’existe, oublieuse un instant de ta cruelle absence,
Je vis, en dépit du chagrin qui alourdit mon cœur.
Je marche dans la nuit qui jaillit de mes pas
Et ma douleur s’apaise face au soleil couchant
Car pareille à l’aura qui encercle les cieux
Ta lumière irradie au-delà des ténèbres
Et emplit de présence la béance du vide.
J’avance à ta recherche sous la lune argentée, pas à pas,
Mes larmes se mélangent à la terre en jachère, goutte à goutte,
Mais je progresse… en dépit de ce voile qui obscurcit mon cœur.
Je contemple les monts qui bordent l’horizon
Et s’y dessine un homme couché sous les étoiles
Et ma peine remonte face à cette illusion
Car pareille à cet être qui veille sur les nues
Désormais je te veille, père, pour l’éternité.
Et je pleure, le cœur et l’âme emplis de tant de souvenirs,
Je pleure, terrassée par la mort qui t’emporta soudain,
Je pleure, car je suis et je reste... alors que tu n’es plus.
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