T E X T E S P R I M É S |
Quand les hommes sèmeront l'amour, ils s'aimeront les uns les autres...
Florilège de textes, poèmes, contes et nouvelles primés dans divers concours de 2000 à 2007.
Le verra-t-on jamais se lever dans les cœurs Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ? Les verra-t-on jamais semer sur les charniers Des germes d’espérance et des graines d’amour ? Les verra-t-on pleurer sur la chair et la Terre Qu’ils massacrent, cruels, sans penser à demain ? Verra-t-on refleurir arrosés de leurs larmes Les fleurs et les sourires dans les champs dévastés ? |
Prix André Poipy, concours Poésie Montmélian 11.2007

Poèmes extraits du carnet Textes primés
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Le bonheur est là |
Le verra-t-on jamais se lever dans les cœurs
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Les verra-t-on jamais semer sur les charniers
Des germes d’espérance et des graines d’amour ?
Les verra-t-on pleurer sur la chair et la Terre
Qu’ils massacrent, cruels, sans penser à demain ?
Verra-t-on refleurir arrosés de leurs larmes
Les fleurs et les sourires dans les champs dévastés ?
Le verra-t-on jamais se lever sur la terre
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Les verra-t-on jamais s’aimer et s’écouter
Puis récolter les fruits de leur jardin commun ?
Les verra-t-on conscients de l’existence des femmes
Du pouvoir de l’amour et de leur don de vie ?
Les verra-t-on conscients que la Terre est leur mère
Que leurs mères sont leurs terres et que toutes
Le verra-t-on jamais se lever dans les cœurs
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Le verra-t-on jamais se lever sur la terre
Ce jour où las des guerres ils sèmeront l’amour
Où d’un élan commun ils sarcleront le sol
Arrachant les racines du mal et de la haine
Où conscients de la vie ils chériront les mères
Et planteront les graines de la paix de demain…
Quand les hommes sèmeront l’amour,
Ils s’aimeront les uns les autres.
Prix André Poipy
Concours poésie Montmélian - 17.11.2007
Ô solitude aimée que je cache en mon sein
Pareille à un enfant je t’aime et te chéris
Je te porte en mon corps, mon âme et mon esprit
Et tu nourris mes rêves et mes secrets desseins
Ô solitude aimée qui habite mon cœur
Qui éteint l’amertume et apaise mes peurs
Tu sais me protéger de la folie du monde
Préserver mon regard de sa laideur immonde
Tu sais me rassembler au centre de mon être
Et m’éloigner du vide où brille le paraître
Ô solitude aimée qui chasse la tristesse
Amie de la jeunesse comme de la vieillesse
Tu me montres en silence les chemins essentiels
Détournant de mes pas les pièges matériels
Tu ouvres mes pensées au Ciel et à la Terre
Et orientes mon âme dans le vaste univers
Ô solitude aimée qui habite mon cœur
Où je viens déposer mes heurs et mes malheurs
Tu m’accueilles en ton chœur comme en une chapelle
Et je viens y prier respectant ton appel
En toi je me recueille et en toi je grandis
Car tu m’as révélé le vrai sens de la vie
Ô solitude aimée où naît ma poésie
Où mes yeux éblouis s’embuent sur la beauté
Tu es le sanctuaire où je me réfugie
Le temple protecteur de mon intimité
Tu élèves mon âme au-delà des montagnes
Et éclaires ces lieux où les ténèbres stagnent
Ô solitude aimée qui demeure en mon sein
Je te porte confiante sans souci de demain
Car tu sais me guider au centre de mon être
Et me relier à Dieu au Ciel et à la Terre.
1er prix section poésie néo-classique
Les Poètes de la Cité à Genève, le 19 mars 2006
Sur la glace fragile
L’oiseau est immobile
Aux ramures d’argent
Qui dansent dans le vent
La perle d’un fruit rouge
Qui s’agite et qui bouge
L’oiseau prend son envol
En glissant sur le sol
S’élance dans l’azur
Vers le fruit bien trop mûr
Mais trouant le silence
Une détonation
Soudain avec violence
Brise son ascension
Dans le ciel qui scintille
L’oiseau descend en vrille
Sur la glace fragile
Quelques gouttes de sang
A jamais immobile
L’oiseau gît sur l’étang.
Moudon le 3 sept. 2004.
LA CHANSON DU VENT ET DE LA VIE
Souffle le vent à mes oreilles
Les secrets de la création
Souffle le vent à mes oreilles
De la vie la belle chanson
Tourbillonnant sur les sentiers
Tapissés d’or et de vermeil
Il fait valser les feuilles mortes
Les soulevant d’une brise accorte
Et voltigeant sous le soleil
Mille semences il éparpille
Disséminant sans y penser
La vie féconde qui frétille
Souffle le vent à mes oreilles
Les secrets de la création
Souffle le vent à mes oreilles
De la vie la belle chanson
Dans les cieux aux couleurs du temps
Il souffle et siffle dans l’azur
Disséminant son troupeau blanc
Sans se soucier de la mesure
Berger céleste sans pareil
Sans cesse il sillonne le ciel
Faisant naître de ses nuages
L’eau et la vie à son passage
Souffle le vent à mes oreilles
Les secrets de la création
Souffle le vent à mes oreilles
De la vie la belle chanson
Et dans les cœurs et dans les âmes
Emplis de peines et de chagrins
Il déferle ainsi qu’une lame
Emportant tout entre ses mains
Donnant aux âmes libérées
De leurs tourments par l’alizé
D’enfin comprendre la chanson
Que fredonne la création !
Chante le vent à mes oreilles
Les secrets de la création
Chante le vent à mes oreilles
De la vie la belle chanson.
Concours poésie Montmélian - 11.2006
Rien n'est stupide comme vaincre ; la vraie gloire est convaincre. Victor Hugo
Je le sais, David, je le sens : tu fumes ! Non, ne t’insurge pas, je ne te juge pas... Moi aussi, un jour, j’ai fumé, mais le combat pour en sortir, le combat pour y renoncer a été si long, si difficile que j’aimerais, par amour de toi, t’éviter ce chemin de souffrance. Seize ans de fumée pour moi, vingt-sept pour ton papa. Et tant et tant d’années pour tes oncles et tes tantes. Tant d’énergie perdue, d’abattement, de dégoût ressenti pour ces milliers et ces milliers de cigarettes consumées qui réduisaient notre existence, intoxiquaient nos poumons, nos cellules, empoisonnaient notre air, votre air ! Tant d’acharnement à essayer de s’arrêter ! Tant de détresse à ne pas y arriver ! Et ce sentiment terrible d’impuissance, d’aliénation de soi-même, d’incapacité à se contrôler, prisonnier d’une substance qu’un jour, par défi, on a fait entrer dans sa vie, inconscient que, dès lors, piégé par la dépendance, c’est elle qui mènerait la danse. David, si les mots pouvaient être libérateurs, leur pouvoir te libérerait, mais ce ne sont que mes mots sur mon expérience à moi. Toi seul véritablement peux t’aider. Toi seul détiens la force et le pouvoir qui sauront te libérer. Rebondis sur mon histoire, ne l’oublie pas, ne l’occulte pas pour ne pas avoir à la revivre. J’aurais voulu que mon amour, puisque mes mots y sont impuissants, te protège de tout, comme un bouclier anti-problèmes, mais tu ne m’appartiens pas. Ta vie est à toi, entre tes mains, elle t'appartient! Et même si cela était possible de te protéger de tout, ce ne serait ni utile, ni raisonnable, ni souhaitable. Je ne peux que t’aider à y réfléchir, à exercer ton sens critique et à en mesurer le prix. A toi, véritablement, d’y donner le prix que tu lui accordes. A toi d’aller vers ton avenir, avec notre soutien et notre amour, mais seul, libre et responsable de tes actes. Tu vois, cet acte qui aujourd’hui te semble anodin, prestigieux, libérateur, « adulte », marquera de son poids - qui deviendra toujours plus lourd - peut-être de nombreuses années de ta vie. En prendre pour vingt ou plus, cela en vaut-il la peine ? Cherche ailleurs le plaisir de vivre. Développe ta confiance en toi et l'estime de soi suivra. Alors, j’en suis convaincue, tu seras libre ! Car la vraie liberté n’est pas d'entrer en concurrence, en rivalité ou dans une dépendance quelconque, mais d'être suffisamment fort et indépendant pour résister à toutes les dépendances, quelles qu’elles soient. Être libre, c’est se confronter à la frustration, c'est affronter ses angoisses. C'est aussi s'exposer et accepter les difficultés sans les fuir mais, au contraire, tenter de les assumer courageusement afin de les terrasser et de les dépasser. Parce que je t’aime de tout mon cœur de mère, je ne veux pas baisser les bras, mais t’entourer de leur force. Et je veux par cette lettre te prévenir, et peut-être te prémunir, par mon amour, d’une habitude dont tu ne connais pas encore le prix. Tu es fort David, je le sais, je le sens. Tu n'as pas besoin d'adopter cette habitude conformiste et dangereuse pour prouver que tu existes et trouver ta place dans ce monde. Deviens ce que tu es sans te perdre dans les désirs ou les exigences des autres. Sache également que la plupart de ces signes extérieurs que l’on dit, à tort, d’indépendance, sont le plus souvent les indices de faiblesses mal assumées et les signes évidents d'une méconnaissance de soi. La liberté intérieure a un prix : celui d'apprendre à se connaître et à s'accepter avec ses qualités et ses faiblesses. N'imite rien ni personne, un lion qui copie un lion devient un singe... Dixit Victor Hugo. Prouve que tu es libre, mon fils, et que nul ne peut te mettre sous dépendance, exception faite de l’amour de la femme que je te souhaite de rencontrer...
"La liberté extérieure que nous atteindrons dépend du degré de liberté intérieure que nous aurons acquis. Si telle est la juste compréhension de la liberté, notre effort principal doit être consacré à accomplir un changement en nous-mêmes." Le Mahatma Gandhi |
Prix de la lettre Montmélian 18.11.2006
Des nuages vaporeux qui s’étirent dans le ciel et se déploient… aux formes de nos rêves. L’infinie douceur des cerisiers en fleurs. Un parterre de jonquilles ; une morille dans son écrin de verdure. Le soleil éclatant qui nimbe la campagne de lumière et de chaleur. Le foin fraîchement coupé et la pénombre accueillante de la forêt. Une fraise odorante dans l’herbe verte… que l’on cueille et qui fond sur la langue. La senteur délicate d’une rose sauvage ; les perles de rosée qui ourlent de nacre sa robe veloutée. L’eau de la cascade qui jaillit vivifiante de la montagne, ruisselle sur la mousse et couronne les rochers d’une brume irisée. Un scarabée doré qui s’avance, hésitant entre les cailloux d’argent. Les blés qui ondulent sous le vent ; les cerises accrochées aux oreilles. Les hirondelles qui crissent dans l’azur et les enfants qui rient. Les pommes et les noix sous les arbres ; le feu qui crépite dans l’âtre. Les feuilles d’automne qui tapissent les sentiers d’or et de pourpre, et le vent qui les soulève en gerbes flamboyantes ; le brouillard et ses volutes nostalgiques. Les vendanges et le vin qui mûrit dans les fûts. La neige immaculée ; la fumée des cheminées dans la nuit d’obsidienne. L’aïeul chenu, perdu dans les draps blancs de l’hiver et la glace, fragile, où sautille un rouge-gorge ; les profonds sillons noirs des guérets, gelés, en attente du printemps… de la vie. Les saisons qui passent et repassent, le vent, le soleil et la pluie, la montagne et la mer. Et le jour et la nuit, les étoiles et la lune… Un voile de mariée, un bébé qui dort… une fête en famille, une fête entre amis, une main qui se tend, une main que l’on prend, un rêve, un sourire, un baiser, un regard, une pensée ! Succession infinie de tableaux, d’images, de couleurs et de senteurs ; patchwork émotionnel vibrant, infini, tissé d’instants précieux et magiques, uniques, en suspension dans la mémoire, qui enveloppe, réchauffe, étreint de sa nostalgie et rappelle avec force la fuite du temps et de l’existence ; collier de perles de vie, chapelet qu’on égrène, prière au souvenir, à l’espérance, le bonheur est là ! Dans ces moments fugaces, volatils et insaisissables, vides de matériel mais si pleins d’essentiel. Il est là, évident et invisible, offert au regard qui sait le déceler. Là, dans ces instants éphémères, ces petits miracles quotidiens : fragiles étincelles qui illuminent de leur éclat le gris du quotidien et éclaire de cette simple vérité le regard et le cœur de ceux qui savent les saisir… et les apprécier. |
3e Prix aequo catégorie Poésie libre Montmélian 18.11.2006
Sur les plages de mai parsemées de galets
Ils marchent deux par deux sous le ciel déjà bleu
Ils vont à petits pas les vacanciers de mai
Le visage un peu las le physique replet
C’est qu’ils n’ont plus vingt ans malgré tout leur allant
Et c’est avec prudence qu’hésitants ils avancent
Le nez humant le vent ils s’arrêtent souvent
Glanant des coquillages sur le bord du rivage
Ils ont le cheveu blanc les vacanciers de mai
Des varices aux mollets et le geste un peu lent
Ils se tiennent la main en flânant sur la plage
Rêvassant aux voyages qu’ils remettent à demain
Et ils s’en vont pieds nus sur le sable mouillé
Heureux de retrouver les sensations perdues ;
Sur les plages de mai désertées d’estivants
Ils ôtent leurs effets en prenant tout leur temps
Leurs ventres sont molasses et leurs seins indolents
Mais leurs yeux sont brillants et leur amour vivace ;
Ils lisent des fictions entre deux roupillons
Ou écrivent des vers en regardant la mer
Ils ne sont pas pressés les vacanciers de mai
Pour eux les jeux sont faits l’avenir dévoilé
Ils laissent derrière eux les joies de la jeunesse
Et découvrent heureux celles de la vieillesse
Tendrement enlacés sur les plages de mai
Les vacanciers muets contemplent la beauté
Leurs visages vieillis pareils aux coquillages
Révélant le passage des vagues de la vie.
2ème Prix poésie libre - Montmélian 15.11.08
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