Scribe d'argent le 27.4.13 à Moudon
Quatrième de couverture
« Catherine Gaillard-Sarron excelle dans la nouvelle. Mais elle ne fait pas dans la dentelle et a plutôt l'étoffe d'une dramaturge, ses personnages de passion entraînant le lecteur dans les psychodrames les plus poussés. C'est que notre auteure a de l'imagination à revendre et une truculence naturelle du verbe. C'est une romantique moderne, par certains côtés un nouveau Rabelais. Il y a chez Catherine Gaillard-Sarron un désir constant d'aller le plus loin possible dans l'âme humaine et l'on est conquis dès les premières lignes et jusqu'au dénouement, toujours tellement imprévisible! |
Ces vingt-deux nouvelles sont aussi la peinture de notre monde souvent cruel. Notre nouvelliste est un peu le chantre de ce vingt et unième siècle (scènes conjugales, terribles secrets, retournements de situation, déceptions amères, heureux miracles, accidents mortels, luxure, humour noir, viols, passion des jeux, meurtres et sauvetages, dénouements inattendus, suicides, vengeances, et j'en passe...) En tout cas l'œuvre est forte, crue et magistrale. » 2014 - 22 nouvelles - 257 pages |

Nouvelles extraites du recueil La fenêtre aux alouettes
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Humour noir | Mortel héritage |
HUMOUR NOIR
Texte intégral Amolli par le bain, Raphaël consulta sa montre. S’il voulait être à l’heure au concert de jazz de 21 heures, il fallait qu’il s’active. D’autant que, depuis cinq minutes, sa copine écoutait sa musique de ouf à pleins tubes et lui gâchait définitivement son plaisir. Depuis la salle de bains, il cria : — Merde, Coralie ! Mets la sourdine ! Comme si elle attendait derrière la porte, Coralie l’ouvrit brusquement et un courant d’air glacé le fit immédiatement frissonner. — Putain, referme cette porte ! Ça caille ! Coiffée d’un galurin en velours noir, Coralie, sans tenir compte de l’injonction de Raphaël, entra dans la pièce pleine de condensation et s’appuya nonchalamment contre le lavabo. Un sourire machiavélique aux lèvres, elle posa avec désinvolture un escarpin rouge sur le bord de la baignoire et le considéra d’un air sadique. — Alors, comme ça monsieur se relaxe ! Il n’aimait pas quand elle prenait cet air-là. Et encore moins ce ton. Depuis quelques jours, elle n’arrêtait pas de le chercher. Elle était infernale avec lui. Se doutait-elle de quelque chose ? Avait-elle fouillé dans son portefeuille ? Vu les deux billets ? Grelottant dans l’eau qui refroidissait et la porte toujours grande ouverte, Raphaël n’était pas en position de négocier ou de se défendre. Il botta en touche. — Sors ! dit-il exaspéré. J’exige un minimum d’intimité quand je prends un bain ! Sans lui obéir, Coralie ôta lentement son pied de la baignoire et se positionna soudain au-dessus de lui. Il ne vit pas tout de suite ce qu’elle dissimulait dans son dos. Mais son regard s’agrandit de terreur quand il sentit quelque chose lui couler sur la tête et qu’elle jeta subitement une fiole dans l’eau du bain. — Tiens ! Prends ça, espèce de salaud, cria-t-elle en s’éloignant prestement de lui. L’eau devint noire comme de l’encre et il se redressa comme un beau diable en beuglant. — La vache ! Mais t’es complètement fêlée ou quoi ? Devant le spectacle hilarant de son copain dégoulinant de teinture noire, Coralie se mit à glousser. — Arrête de faire ta chochotte ! Tu ne vas pas en mourir ! C’est juste un puissant colorant. Ça t’apprendra. Ce soir, au moins, je suis sûre que tu n’iras pas retrouver ta pétasse à ce concert de jazz. À moins que tu ne te fasses passer pour Armstrong ! railla-t-elle. Et juste avant de lui claquer la porte au nez elle balança : — Et sache que moi aussi, quand je suis dans le bain avec quelqu’un, j’exige un minimum de fidélité !
Nouvelle lue à la RTS le 21.11.14 par Carine Delfini. Pour écouter |
Extrait Complètement paniquée, je les avais avertis par téléphone. Ils étaient venus immédiatement. Le son de ma voix avait agi comme une puissante alarme. Aude et Mickaël se tenaient maintenant devant moi, au milieu des bagages. Ils me pressaient de questions, inquiets, mais je ne pouvais sortir le moindre mot. Tassée sur cette chaise où je m’étais écroulée après avoir découvert Anthony, je tremblais de tous mes membres, m’efforçant de comprendre ce qui m’arrivait. Voilà dix minutes que j’étais rentrée de voyage et ma vie venait de basculer. Mon frère se pencha vers moi. Je voyais son visage tendu, j’entendais ses questions, mais j’étais incapable de lui répondre. Sourde à ce qui m’entourait, je devenais muette. Mes mâchoires étaient à présent tellement contractées qu’elles en étaient douloureuses. Aucun son ne semblait pouvoir franchir la barrière de mes lèvres, hermétiquement soudées. D’un geste, je leur indiquai la chambre et retombai dans ma prostration. Quand ils revinrent vers moi, leurs visages étaient livides et défaits. — Carla, dit Mickaël d’une voix douce en me prenant la main, as-tu appelé les secours, le SAMU ? Je secouai la tête de droite à gauche et les larmes se mirent à ruisseler sur mes joues. Non, depuis que j’avais découvert Anthony inerte sur le lit, tout s’était arrêté dans ma tête. Mon esprit refusait d’enregistrer la réalité. J’étais bloquée. Je ne parvenais plus à penser au-delà de cet instant. Mickaël s’accroupit près de moi et m’entoura tendrement la taille de ses bras. — Pense au bébé, me dit-il.
À cet instant précis, l’enfant que je portais en mon sein bougea pour la première fois. Le rappel de cette vie palpitant dans mon ventre raviva d’un seul coup la perte que je devais affronter et le nom d’Anthony jaillit soudain comme un râle de ma gorge, libérant ma parole. J’éclatai alors en sanglots, affalée sur Mickaël et Aude qui nous avait rejoints. Nous pleurâmes ainsi plusieurs minutes, désemparés et démunis, intimement liés les uns aux autres, lâchant prise de nos émotions, acceptant notre impuissance face à la mort. Mickaël se reprit le premier et se releva, Aude le suivit et tous deux m’aidèrent à me remettre debout. La vie reprenait son cours. On ne pouvait la fuir. Elle nous poursuivait et nous n’avions d’autre choix que d’avancer ou… de l’évincer, comme l’avait fait Anthony. — Je crois qu’il est temps d’appeler le SAMU à présent, dit Mickaël en se dirigeant vers le téléphone. Ma belle-sœur m’aida à me rafraîchir, puis nous enlevâmes les bagages qui encombraient l’entrée. — Vous étiez en voyage avec Anthony ? — Non, ce sont mes affaires. La semaine dernière, Anthony m’avait demandé si je voulais bien le laisser tranquille quelques jours afin qu’il pût terminer sa thèse. Comme j’avais des vacances à reprendre, j’ai accepté et j’en ai profité pour aller visiter une amie d’enfance. Si j’avais su ce qu’il avait dans la tête… — Est-ce qu’il était bizarre ces derniers temps ? reprit-elle. — Pas vraiment. Il était plus anxieux, irascible. Il s’énervait pour un rien. Mais j’ai mis ça sur le compte du stress. Sa thèse l’exaspérait et le rendait même désagréable par moments. J’ai pensé que mon départ lui serait bénéfique. Je comprends maintenant qu’il cherchait à m’éloigner… — L’ambulance est en route, dit Mickaël en nous rejoignant à la cuisine. Veux-tu que je t’accompagne dans la chambre avant qu’elle n’arrive ? Je crois qu’Anthony a laissé une lettre à ton intention.
À suivre... À obtenu le 6e rang au concours AVE 2014 le 15.11.14 Lien
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LE FEU DE LA HAINE
Extrait Macha s’appuya un instant contre le vieux mayen familial noirci par les ans et les intempéries. La journée avait été belle et chaude, les poutres, gorgées de soleil, lui rendaient en ces heures vespérales un peu de cette chaleur que nul ne lui dispensait. Elle répugnait à quitter cette douce tiédeur qui lui réchauffait les reins, si ce n’était le cœur, pour rejoindre le père qui croupissait à l’étage. Elle allait avoir quarante ans et son travail de domestique, en plaine, lui paraissait toujours plus pénible. Macha se sentait déjà vieille et usée. Certes, elle n’avait plus vingt ans, mais, en avait-elle jamais eu vingt, ni quinze, ni même dix…Son regard se fit plus sombre, plus sauvage, se noyant dans le spectacle magnifique des Dents du Midi rougeoyant dans le couchant. Cette contemplation l’apaisa, tout comme le silence qui l’environnait. Seules la beauté et la majesté des montagnes la consolaient de sa misérable existence, offrant à son âme simple un réconfort et une paix que personne ne lui avait prodigués. Macha frissonna sous la caresse du vent. Un aigle traversa le ciel. Son cri l’atteignit soudain en plein cœur. Elle leva les yeux vers lui. L’envia. Elle aspirait tant à la liberté. Quand serait-elle libre ? Quand pourrait-elle voler de ses propres ailes ? Se détacher de son passé et s’envoler, comme lui, au-dessus de ses montagnes de problèmes… Macha regarda du côté de l’entrée, hésitante. La veille, elle s’était encore exténuée en récriminations contre le vieux. Elle n’en pouvait plus. Mais elle savait qu’elle recommencerait ce soir et demain et tant qu’il respirerait puisque c’était pour elle le seul moyen qu’elle avait de lui manifester son dégoût et sa haine. Macha détestait son père. Cet être fruste et brutal, sans compassion. Tout en lui l’écœurait : son odeur, sa peau sèche et fripée, ses yeux vicieux, sa bouche puante et ses mains… ses mains crochues aux longs doigts osseux, aux ongles sales et jaunis par la nicotine. Ses serres qui l’agrippaient quand elle se penchait sur lui pour refaire le lit ou le laver. Elle abominait ses mains. Des battoirs ignobles, haïssables, qui avaient battu sa mère et l’avaient étranglée… sans jamais l’étreindre. La mère était morte et le père n’avait pas cherché d’autre femme. Elle venait d’avoir dix ans. Il était venu dans sa chambre, un soir. Sans se préoccuper de sa peur et de ses cris, il s’était glissé, tel un monstre, dans son lit d’enfant. Et il était revenu et revenu jusqu’au jour où elle avait eu ses menstrues. Une délivrance. La peur de la mettre enceinte l’avait libérée de son calvaire. Pourquoi venait-elle l’aider ? Pourquoi, malgré ce qu’il lui avait fait endurer, ne l’abandonnait-elle pas à sa solitude ?Qu’attendait-elle ? Qu’espérait-elle ?
Conditionnée à la servitude, prisonnière d’habitudes et de schémas mentaux dont elle ne possédait pas la clé, Macha, résignée, poussa la porte d’entrée.
— C’est toi ? grogna le père d’un ton rogue.
La voix était rauque, abîmée par l’alcool et la fumée.Elle répondit d’un oui sec et dur. À présent qu’il était vulnérable, elle trouvait un certain plaisir à le rudoyer, à l’humilier. Cela la soulageait. Libérait un peu cette souffrance indicible qu’elle cachait dans son cœur.
Macha n’était pas sadique. Elle souffrait.
Elle se dirigea vers le lit et attrapa sur la table de nuit le pistolet où stagnait une urine foncée. L’odeur était si forte qu’elle eut un haut-le-cœur. Il ricana, découvrant quelques chicots jaunis sur des gencives presque noires. Une vague de dégoût et d’impuissance mêlés la submergea. Pourquoi se soumettait-elle à ce vieillard obscène et lubrique ? Ce satyre tyrannique et despotique qui la traitait moins que ses fèces qu’elle vidait tous les jours? |
Extrait Leurs cris s’entendaient jusque dans le couloir de l’immeuble. Dans le salon de l’appar-tement, décoré de boules et de guirlandes de Noël, Aline, rouge de fureur, invectivait son mari. — Tu as vu l’heure ? J’en ai marre, bon sang ! C’est tous les soirs que je me tape la nourrice, les courses et le souper. On avait dit qu’on partagerait ! Au lieu de cela, Monsieur va boire des verres avec ses potes pendant que Madame se tape tout le boulot ! — C’est faux, se défendit Ronald. Le patron m’a retenu. Je n’ai pas pu faire autrement ! Et puis j’avais le squash ce soir. — Et tu crois que je vais gober ça, espèce de menteur ? Il me suffit de voir ta tronche pour savoir que tu as passé les dernières heures assis derrière un bar ! — Téléphone à Jeremy si tu ne me crois pas ! Il était avec moi. On a juste pris un verre après la partie. Aline s’emporta et lui jeta sa rage à la figure : — Je ne te crois pas ! Et je me moque de Jeremy ! Tu crois que, moi, j’ai le temps d’aller jouer au squash avec mes copines et de prendre un verre ensuite ! Tu te fiches éperdument de moi et du bébé. Tous les prétextes sont bons pour te tirer. Les pleurs d’un nourrisson, réveillé par les cris, s’élevèrent soudain dans la chambre voisine. Aline s’empressa d’aller chercher l’enfant. Elle revint dans la pièce en le serrant animalement contre elle. Planté comme un piquet au milieu du salon, toujours vêtu de son manteau et son sac de sport à ses pieds, Ronald se contenait à grand peine. Une colère sourde montait en lui. Soudain il explosa : — Moi aussi, j’en ai marre ! Pour qui tu te prends à la fin ? Depuis que ce môme est né t’es devenue complètement folle. — Je te signale que ce môme est aussi le tien et qu’au lieu de te pinter au pub tu ferais bien mieux d’assumer tes responsabilités ! siffla Aline. — Et pour qui crois-tu que je me crève la peau ? vociféra Ronald. — Et moi alors ? Je me tape une double journée depuis qu’il est né ! Le bébé se mit à brailler plus fort. — Regarde ce que tu provoques ! C’est toi qui perturbes ce gosse, reprit Ronald. Avec tous ces trucs que tu prends pour dormir, tu ne l’entends même plus pleurer la nuit ! — Espèce de salaud ! C’est toi qui oses me dire ça, avec toutes les saloperies que tu ingurgites ? Si tu jouais ton rôle de père, je n’en aurais pas besoin ! cracha Aline. Piqué au vif par cette insulte, Ronald devint blême. Soudain pris d’une impulsion incontrôlable, il arracha brusquement des bras d’Aline le bébé qui s’époumonait et le plaqua d’une main contre son épaule. De l’autre, il attrapa son sac de sport, toujours à ses pieds, et en un éclair fut à la porte qui claqua derrière lui. Stupéfaite par ce rapt et la rapidité avec laquelle son mari venait d’agir, Aline, médusée, resta quelques secondes sans réaction avant de se mettre à courir derrière lui en hurlant. Mais Ronald était leste et lorsqu’elle se pencha dans l’escalier pour voir où il se trouvait avec l’enfant, elle entendit la porte d’entrée de l’immeuble se refermer sur eux. Complètement anéantie par ce qui venait de se produire, ne sachant que faire, Aline rentra dans l’appartement et s’écroula sur le sofa en sanglotant. Dehors, la rue étincelait sous la débauche lumineuse de l’Avent. La neige s’était mise à tomber. De gros flocons silencieux tombaient du ciel et leur caressaient le visage. Cela eut l’heur de plaire au bébé qui s’arrêta net de pleurer. Cela dégrisa également Ronald, qui se demanda alors ce qui lui avait pris de s’enfuir ainsi avec son fils par ce froid hivernal. Il avait un peu honte maintenant. Que leur arrivait-il à tous les deux ? Sans trop savoir ce qu’il allait faire, il se dirigea vers son véhicule, abritant du mieux qu’il pouvait le bébé dans son manteau. Tout à fait calmé, Jules, confiant, le regardait à présent de ses grands yeux gris étonnés. Ronald le serra un peu plus fort contre sa poitrine. Aline avait tort. Bon sang ! Elle n’avait pas le droit de dire qu’il n’était pas un bon père. Il l’aimait ce petit ! Bien plus qu’elle ne l’imaginait. Bien plus qu’il ne le pensait… Arrivé devant sa voiture, il hésita. Que comptait-il faire avec cet enfant sur les bras ? Il ouvrit cependant la portière arrière et attacha Jules dans le siège pour enfant. Des yeux, il chercha la couverture qui ne quittait jamais la banquette arrière et le couvrit afin qu’il ne prît pas froid. Il s’assit au volant, mit la clé de contact et démarra. Il avait juste besoin de se calmer. Besoin de réfléchir à ce qui venait de se passer. Dans le chuintement des essuie-glaces, Ronald se mit à rouler au hasard dans la ville, sans but précis. La scène de sa fuite ne cessait de tourner dans sa tête. Comment avait-il pu arracher Jules à sa mère ? Elle devait être folle d’inquiétude. Il jeta un regard dans le rétroviseur. L’enfant babillait. Il se sentit soudain écrasé par son inconséquence. Au bout de quelques kilomètres, bercé par le roulis de la voiture, Jules s’endormit et Ronald se sentit soulagé. La tension se relâchant, il laissa filer son esprit. Étrangement, le mouvement régulier des balais chassant la neige sur le pare-brise le calmait. Une douce chaleur régnait dans l’habitacle et l’engourdissait peu à peu. Au cœur du ventre chaud et ronronnant de son Audi, il se sentait à l’abri, un peu en dehors du monde. Il se concentra sur leur couple. Comment en étaient-ils arrivés là ? Avec un serrement de cœur, il repensa à l’enthousiasme impatient qui les animait huit mois auparavant. Il revit Aline, rayonnante dans la chambre du bébé, à deux mois de son accouchement. Et lui qui lui embrassait tendrement le ventre, heureux d’être bientôt père. Mon Dieu, ce petit qu’ils avaient tellement espéré et dont la venue les réjouissait tant ! Et puis la désillusion lorsqu’il avait été là. La terrible confrontation de leurs rêves à la réalité. Cette dégradation incompréhensible de leur relation, de leurs habitudes, de leur univers. Ils imaginaient leur couple solide, mais l’arrivée de ce bébé dans leur vie avait fait voler en éclat le fragile équilibre qu’ils croyaient avoir bâti. Par sa venue, l’enfant avait tout bouleversé. Et ils n’avaient pas su s’adapter, se reprochant mutuellement de ne pas en faire assez. Dans les contes, songea Ronald, l’histoire se terminait généralement par : « Ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent très heureux ». Mais tout cela n’était que faribole et imposture car, en vérité, c’était à l’instant où paraissait l’enfant que débutait véritablement l’histoire. Et elle n’avait plus rien d’un conte de fées. C’était plutôt un véritable cauchemar qui commençait. En tout cas une révolution de l’intime, si importante que le bouleversement émotionnel qu’elle engendrait modifiait totalement et brusquement la sphère dans laquelle le couple évoluait jusqu’alors. Dès lors, pour que celui-ci survécût à ce cataclysme, il devenait nécessaire de tout repenser et de tout reconstruire en fonction de l’enfant. Et désormais, il fallait vivre sous un nouveau régime, familial cette fois. Oui, une vraie révolution ! On ne disait jamais aux nouveaux parents les difficultés et surtout l’immense fatigue qui les attendaient. C’est la fatigue qui avait tout fait sombrer ! Elle qui était responsable de leurs incessantes querelles, se dit Ronald.
À suivre... Nouvelle lue à la RTS le 6.1.16 par Carine Delfini. Pour écouter |
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