P R É F A C E S - P O S T F A C E S |
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Anne-Catherine Biner |
François Gachoud | Jacqueline Thévoz | Pierre Yves Lador |
Préfaces et postfaces des recueils de nouvelles Cliquer sur les titres pour lire les textes |
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Allons voir si la rose... | Paquet surprise | La fenêtre aux alouettes | Un fauteuil pour trois |
Préface de François Gachoud Recueil de 24 nouvelles - 278 pages - 2014
Les vingt-quatre nouvelles que voici n’attendent que l’éveil de votre curiosité. Et je tiens le pari que vous ne courez qu’un risque : celui de vous réjouir de cette découverte. La nouvelle est en général un art qui séduit. Sans doute parce que sa pratique postule de rares qualités : savoir créer un ton, camper des personnages à la fois singuliers et vivants, les dessiner en quelques traits saillants, les incarner au cœur d’une histoire, d’une situation simple, brève et rythmée. Savoir de surcroît aiguiser l’attention, ménager les effets, maîtriser le propos, inventer la chute. Nul doute que le recueil de Catherine Gaillard-Sarron illustre au plus près les vertus de cet art. Il ne faut jamais dévoiler par avance les secrets promis par le paquet surprise. A chacune, à chacun de s’y plonger gaiement au gré des variations orchestrées par l’auteure. Le génie de son style, ses intuitions vives, cette capacité unique qui est la sienne de savoir communiquer à ses personnages autant d’étrangeté que d’épaisseur reconnaissable vous confirmeront que l’art de donner vie à toutes ces histoires n’est jamais que le fruit d’une vertu reine : l’imagination créatrice ! De l’imagination, Catherine Gaillard-Sarron n’en est pas seulement porteuse à l’envi. Elle lui inspire le pouvoir d’accoucher d’un monde où vous circulez librement, où vous pouvez rêver sans frontières, où vous trouverez aussi des pointes de sagesse, des enseignements discrets, des touches d’observation si justes, si révélatrices de nous-mêmes et des autres, au sein de cette vaste comédie humaine dont nous sommes, ne l’oublions pas, nous aussi les acteurs ! François Gachoud, écrivain Préface de Jacqueline Thévoz Recueil de 22 nouvelles - 257 pages - 2014
Catherine Gaillard-Sarron, qui a une connaissance aiguë de l'humain (elle eût fait une très bonne psychologue) excelle dans la nouvelle. Mais elle ne fait pas dans la dentelle et a plutôt l'étoffe d'une dramaturge, ses personnages de passion entraînant le lecteur dans les psychodrames les plus poussés. C'est que notre auteure a de l'imagination à revendre et une truculence naturelle du verbe. C'est une romantique moderne, par certains côtés un nouveau Rabelais. Elle ne mâche pas ses mots et les amateurs d'émotions fortes trouveront leur bonheur dans ces pages captivantes. Il y a chez Catherine Gaillard-Sarron un désir constant d'aller le plus loin possible dans l'âme humaine et l'on est conquis dès les premières lignes et jusqu'au dénouement, toujours tellement imprévisible ! Mais tout cela est bien plus que des histoires extraordinaires de vies ordinaires. Outre sa richesse de vocabulaire, cette nouvelliste-née, qui pourrait faire aussi une excellente romancière et nous écrire de superbes pièces de théâtre, a le sens de la musique et du rythme des phrases dans ses descriptions, car elle est aussi poète, et quand l'une de ses nouvelles touche à sa fin, ses tirades et ses strettes c'est du Wagner. C'est aussi la peinture de notre monde souvent cruel. Notre nouvelliste est un peu le chantre de ce vingt-et-unième siècle (scènes conjugales et leur dénouement, terribles secrets, épouvantables retournements de situation, déceptions amères, heureux miracles, accidents mortels, luxure, humour noir, viols, passion des jeux, meurtres et sauvetages, dénouements inattendus, suicides, vengeances, et j'en passe...) En tout cas l'œuvre est forte, crue et magistrale. Jacqueline Thévoz Haut de page
Postface de Pierre Yves Lador Recueil de 10 nouvelles - Collection Frisson Plaisir de Lire - 2009
Dévoiler les mystères du monde ordinaire Catherine Gaillard-Sarron est un écrivain de la semaine, non pas seulement parce qu’elle écrit tous les jours mais parce qu’elle crée des personnages comme Dieu, de ceux qu’on rencontre dans les rues d’Yverdon-les-Bains, de Dôle ou de Paris. Leurs habits ressemblent à ses adjectifs, ils aiment jouer avec, que ce soit des vieilles dames, de petites bourgeoises, des porteurs de blue-jeans amoureux. Sous chaque habit se trouve un destin particulier et l’art de Catherine consiste avec toute son intuition, pas seulement féminine, mais aussi visionnaire peut-être, son flair, ses sens, et elle en a plus que la plupart d’entre nous, ou au moins elle les exerce, à nous découvrir ce qui est caché sous les apparences, ce qui agit derrière, ce qui fait partie du monde et qui indique qu’il y a un autre monde, un monde sous le monde ou au-dessus. Bien sûr ses héros, comme nous, vont vers la mort suivant un itinéraire qui est toujours d’une certaine façon banal, ne dit-on pas tous les chemins mènent à Rome (Rome qui lu à l’envers donne mort !) ? Mais Catherine met en évidence quelque chose, ce peut être un petit rien, avoir l’air d’un simple accident, comme le célèbre battement d’aile du papillon à Macao qui va par une succession d’évènements entraîner un tremblement de terre à Lisbonne. Et sa plume va nous révéler ce mystère, nous accompagner dans sa découverte et dans cette espèce d’implacabilité d’un destin qui pourtant n’est pas déterminé. En effet le monde de Catherine, le nôtre en somme, laisse la possibilité de la rédemption, de la résilience, de l’espoir, de la fin heureuse, de comprendre ce destin. C’est un dévoilement non pas tant des évènements qui sont certes toujours originaux comme la vie, bien qu’ils se ramènent, comme chez tous les conteurs, à un certain nombre de types prévisibles, mais du flux de la vie, faudrait-il dire de l’âme, de ce qui est sous-jacent, de ce qui peut être la Grâce, parfois démoniaque, parfois angélique, voire fantastique. L’univers de Catherine, le nôtre, car, et c’est sa force, elle nous fait adhérer à sa vision du monde, est un monde hanté ou plutôt habité par une présence vivifiante, vitale, animée. Tout son art est de rendre présent ce que l’on espère, subodore ou nie parfois dans un mouvement de désespoir. Elle nous donne envie de croire tout en pratiquant un art réaliste. La réalité existe-elle ? Elle semble en tout cas, en lisant ces nouvelles banales en apparence, plus riche que ce que nous croyions savoir. Une écriture fluide, naturelle et si ça ne veut rien dire, alors comme une rivière qui coule, avec de légers méandres et tout à coup une cascade, une chute, un remous et puis reprend son cours ordinaire. Il faudrait encore insister sur l’angle de vue insolite qui entraîne le rire. Catherine nous fait sourire ou rire même quand ça finit mal. D’ailleurs quand les héros se marient, sont heureux et ont beaucoup d’enfants, ils finissent quand même, un jour, par mourir. Mais c’est l’amour rayonnant, ruisselant même de Catherine qui éclaire, irrigue, nourrit sa prose, ses personnages et ses lecteurs ; elle aime les gens, les choses, le monde et les mots ; elle se donne et nous donne ses textes comme des pommes rouges de culture biologique qui ont certes des taches, des défauts, voire des carpocapses, mais sont authentiques. Nous les dévorons avec plaisir. En effet qui résisterait à la sincérité, à l’amour et à l’humour ? Ces fruits nous font du bien, peut-être même nous guérissent-ils ? À chaque lecture je suis pris par ces destins, par ces engrenages, Catherine est du pays des horlogers, maîtres du temps, des complications et de l’irrésistible simplicité, qui me font frissonner ou rire ou les deux, entraîné insidieusement, on voit où on nous mène, mais on ne peut pas résister, on est pris au piège, et on en redemande. Elle a vécu, elle transmet une riche expérience de la vie, une compréhension subtile de l’être, elle aborde tous les thèmes, amour, mort, homosexualité, plaisir, jalousie, envie, vengeance, souvenir, mémoire inconsciente, odorat, vue, existence de Dieu, fantômes, nature, et nous rend familier l’insolite et fantastique l’ordinaire. Le fantastique au détour du quotidien est parfois insidieux, progressif, inidentifiable, déguisé ou repéré mais insaisissable. Rédemption ou vengeance, les forces de l’univers, celles que chacun postule, qu’il soit croyant ou non, nous sommes tous croyants même si incrédules et ce doute, les héros le partagent et nous partageons avec eux ce glissement qui nous entraîne là où nous savons que nous allons même si nous tentons parfois de freiner. Écriture de la séduction, ajouterai-je fatale ? Parfois. Cet écrivain de la semaine, voyante, devient une incarnation d’Isis la déesse égyptienne qui enlève les écailles qui nous empêchaient de voir. On le savait et on l’ignorait, elle n’est pas platonicienne, mais la réminiscence, le dévoilement, le trésor caché, tout l’arsenal ésotérique et romanesque est présent, suggéré, sous-jacent. C’est cela la singularité de ses récits, dévoiler en décrivant minutieusement les voiles pour nous faire voir ce qu’il y a derrière et nous donner la possibilité de n’être pas comme l’idiot à qui le maître zen montrait de son doigt la lune et qui regardait... le doigt ! On n’oubliera plus, ses personnages, ses ambiances qui étaient peut-être déjà en nous, ils nous hanteront jusqu’à la fin de nos jours… et peut-être au-delà. Pierre Yves Lador (188 pages / 2015)
Postface de Anne-Catherine Biner
![]() « Allons voir si la rose... », un roman contemporain. À travers cette histoire, Catherine Gaillard-Sarron nous rappelle, avec un sens de l’observation très aiguisé, que la guerre, la vraie, peut se tramer dans l’esprit et le cœur de monsieur et madame tout le monde, et se manifester d’une façon destructrice dans un petit microcosme comme un quartier d’une cité quelconque. Les personnages de "Allons voir si la rose..." vivent dans une relation biaisée par le regard féroce qu’ils portent sur leurs voisins de quartier. D’eux, ils ne perçoivent que leurs défauts, leurs faiblesses, et ce miroir négatif entretien une haine qui les pousse à détruire l’autre à travers leurs objets d’amour. Après les fantasmes de destruction, des actes méprisables sont commis par les principaux protagonistes de ce drame pour atteindre l’ennemi présumé dans ce qu’il a de plus cher. La négation de l’autre est vécue à travers les péripéties de l’histoire sans apporter un soulagement durable aux souffrances des personnages dont l’image d’eux-mêmes est définitivement noire. Dans ce sens, "Allons voir si la rose..." est un roman dans l’esprit du temps ; la peinture d’une certaine société égocentrique et mortifère qui oblitère l’altérité. Anne-Catherine Biner |
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