C H A N T D ' A D I E U |
"" Les morts, ce sont les cœurs qui t’aimaient autrefois."
Victor Hugo
En hommage à ma maman
Je t’écris tendre mère pour ne pas t’oublier
Pour transcender la mort et pour me souvenir,
Je mets les maux en mots pour incarner l’absence
Et te rendre présente au travers de l’esprit…
Trente poèmes et 48 photos pour tenter de retrouver cette lumière…
Les morts sont des invisibles, mais non des absents.
L’amour immatériel est éternel, parce que l’être qui l’éprouve ne peut mourir.
Ce sont nos âmes qui s’aiment et non nos corps.
Victor Hugo
Novembre 2012 - 108 pages
Poèmes extraits du recueil de Chant d'adieu
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Veille | Une dernière fois |
Més(ange) |
La mort approche, maman,
Dans cette chambre où l’on te veille,
Sans hâte elle vient, maman,
Dans cette chambre où tu sommeilles,
Elle nous regarde par tes yeux
Où dansent déjà tes adieux
Et dessine sur ton visage
Les stigmates de son passage
Comment te dire d’un regard
L’amour qui habite nos cœurs
Et comment face à ton départ
T’en dissimuler la douleur
La mort avance, maman,
Dans cette chambre où l’on te veille,
Sans hâte elle vient, maman,
Dans cette chambre où tu sommeilles,
Lentement elle progresse en toi
Raréfiant ton souffle et ta voix
Et nous assistons impuissants
À ton combat contre le temps
Dans cette chambre où l’on te veille,
Où lasse tu attends la mort,
Tous ensemble autour de ton corps,
Nous luttons contre le sommeil,
T’accompagner dans ce voyage
Jusqu’au moment du décollage
T’assurer de notre présence
Pour passer ce mur du silence
La mort est là, maman,
Dans cette chambre où l’on te veille
Et notre cœur est lourd, si lourd,
Car en dépit de notre amour,
Comme toi nous savons maman
Qu’il n’y aura pas de réveil…
Où es-tu maman ?
Coincée entre ici et là-haut.
Où es-tu ?
Si proche et si loin de nous.
Est-ce la vie, est-ce la mort qui t’agite ?
Qui des deux fait tressaillir tes paupières,
Trembler ton corps,
Précipite ta respiration ?
Est-ce la vie, est-ce la mort qui t’agite maman ?
Qui trouble ton sommeil, retarde ton départ ?
Où es-tu maman ?
Suspendue entre terre et ciel
Ton cœur de mère est-il trop lourd ?
Trop plein d’amour ?
Qu’il ne cesse de battre et ne peut s’envoler...
Va, petite mère,
Romps tes amarres,
Envole-toi vers notre Père
Et laisse-toi aimer,
Comme tu nous as aimés…
Ô mère tant aimée
Tu m’as appris l’amour
Grâce à toi chaque jour
J’aime et je suis aimée
En ton sein tu m’aimas
Et puis tu me berças
M’enseignant sans un mot
Ce qu’il y a de plus beau
C’est au creux de tes bras
Que j’appris à aimer
Tout au creux de tes bras
En me laissant aimer
Par ta seule présence
Sans en avoir conscience
Tu as mis dans mon cœur
Le plus grand des bonheurs
Car en t’aimant maman
J’ai appris à m’aimer
Et en m’aimant maman
Les autres m’ont aimée
Et malgré ton départ
Qui endeuille ma vie
Ton amour est un phare
Qui éclaire ma nuit
Car l’amour est vivant
Et il est immortel
Offrant aux cœurs aimants
Sa lumière éternelle
Ô mère tant aimée
Tu m’as appris l’amour
Grâce à toi chaque jour
J’aime et je suis aimée.
Le prononcer encore une fois
Ce mot qui est mort avec toi
Le formuler de vive voix
Pour ne pas m’éloigner de toi
Le chuchoter autour de moi
Pour perpétuer ton souvenir
Le dire pour ne pas t’oublier
Toi que je ne peux plus nommer
Le prononcer encore une fois
Ce mot que je n’entendrai plus
Le murmurer dans le silence
Maintenant que tu es partie
L’exprimer une dernière fois
Ce mot que je ne dirai plus
L’épeler une ultime fois
Ce petit mot que j’ai chéri
Et le garder comme un trésor
Dans les plis secrets de mon cœur
Pour que toujours je me souvienne
Du tendre écho de ses syllabes
Maman…
Comme le soleil disparaît à l’horizon,
Tu as disparu de ma vie, maman,
Mais comme le soleil éclaire les cieux
De ses derniers rayons,
Ton amour illumine mon cœur de sa lumière.
Le soleil ne disparaît pas
Il se lève simplement ailleurs
Et l’amour ne meurt pas
Il rayonne simplement autrement.
Pareil au soleil qui brille malgré les ténèbres,
Ton amour resplendit en moi malgré l’absence.
L’amour ne peut mourir, maman,
Il est immortel.
Ultime don laissé en héritage
Il est un témoin à passer aux vivants,
Car l’amour est une source
Qui prend sa source dans l’Amour,
Et c’est l’amour de tous qui anime la Source.
Alors, je comprends, maman,
Que tu es toujours là,
Que tu ne disparaîtras jamais,
Que même si je ne te vois plus,
Même si je ne t’entends plus,
Comme le soleil,
Tu brilles simplement ailleurs et autrement
Et que pareil au soleil qui meurt et puis renaît,
L’amour est un phénix qui transcende la mort
Et emplit chaque jour mon cœur de ta lumière…
Chagrins au vent sur les chemins
Je marche vers ton souvenir
Pour que le temps cet assassin
N’efface pas ton doux sourire
Car en dépit de mes efforts
À vouloir déjouer la mort
L’absence autant que le silence
Lentement creusent la distance
Déjà ton visage s’estompe
Et ta présence s’atténue
Je sens bien que les liens se rompent
Que je m’accroche au plus ténu
Mais je ne peux pas t’oublier
Sans fin vers toi je veux marcher
Rester encore dans ton sillage
Faire resurgir ton beau visage
Ne pas laisser au temps qui passe
Ce psychopathe de l’espace
D’assassiner les souvenirs
Qui m’ont aidée à devenir
Chagrins au vent sur les chemins
Je marche vers mon avenir
Et si tu ne tiens plus ma main
Tu l’éclaires de ton sourire…
Une mésange ce matin
Est venue me parler de toi
Elle se tenait dans le jardin
Immobile en dépit du froid
Debout derrière la fenêtre
Je la contemplais sans la voir
Le vent dépouillait le vieux hêtre
Et faisait trembler la mangeoire
Mon regard a croisé le sien
Si doux au cœur de cet hiver
Et ce fut tes yeux dans les miens
Que je vis le temps d’un éclair
Dans cet instant d’éternité
Où seuls s’aventurent les anges
C’est un petit cœur de mésange
Qui me parlait de vérité
Debout derrière la fenêtre
Dans l’émotion et le silence
J’ai senti en moi ta présence
Au travers de ce petit être
Une mésange ce matin
Est venue me parler de toi
Et s’est envolé mon chagrin
Quand pour moi seule elle a chanté…
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