é M e r v e i l l e m e n t |
"L'amour est une mer dont la femme est la rive."
Victor Hugo
Un voyage émotionnel envoûtant et magique qui vous conduira tout en douceur sur ses plages intérieures et le bord de son âme…
Je ne puis regarder une feuille d’arbre sans être écrasé par l’univers.
Victor Hugo
"A vrai dire, la mer m'a toujours passionnée et si je n'avais pas été fille je serais marin ! J'ai donc passé de longs moments sur vos photos de la mer, toutes plus belles les unes que les autres, puis, impatiente de découvrir vos poèmes, je les ai dévorés en une soirée. |
La poésie est élément. Elle est irréductible, incorruptible et réfractaire.
Comme la mer, elle dit chaque fois tout ce qu'elle a à dire.
Victor Hugo
Décembre 2012 - 124 pages
Poèmes extraits du recueil éMerveillement
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éMerveillement | Mer originelle |
Un jour étain... | Paparazzites |
Allongée sur la plage au soleil de midi
Octobre me caresse de ses rayons dorés
Un vent léger m’enrobe drapant ma nudité
Effleurant de sa langue la houle qui gémit
Un livre dans les mains je contemple la mer
Qui crépite en silence sous des flots de lumière ;
Elle n’est qu’ondulations, moirures éphémères,
Merveilleuse soierie où scintillent mille pierres
Tour à tour émeraude, saphir ou améthyste,
Elle réfléchit l’azur tel un diamant vivant
Superbe de splendeur dans ces reflets changeants
Se gaussant des joyaux et autres artifices
Sur la plage déserte aux esquisses de sel
Octobre me réchauffe de ses rayons de miel :
Sous mes paupières closes des milliers d’étincelles
Grésillent en silence éclairant mon sommeil
Alors je les entends au fond de ma conscience
Vibrer à l’unisson pour former le vivant
Je les entends pulser ces éclats de conscience
Comme un cerveau unique animer le néant
J’en perçois l’énergie, l’indicible puissance,
J’en décèle l’écho porté par le silence ;
Je suis ces chatoiements et ces oscillations
Qui agitent le vide l’habitant de présence
Je suis ce que je vois, je suis ce que j’entends,
Je suis ce que je sens et ce que je ressens
Je suis scintillement, je suis ondulation,
Je suis toute beauté, je suis cette illusion…
Trouant soudain le temps le cri d’un goéland
Rompt l’émerveillement où baignait mon esprit ;
Chassé par le réel mon rêve s’évanouit
Se mêlant à l’éther dans des reflets d’argent
Reste dans ma mémoire toujours en communion
La trace merveilleuse d’une révélation
Tels ces plans mystérieux sur le bord des rivages
Délivrés par la mer en vue de ce voyage
Nue comme au premier jour j’avance vers les flots
Qui gémissent et blanchissent en mourant sur la grève
Sur la plage déserte où s’écrivent les rêves
Je marche vers la mer et me marie à l’eau…
Tout n’est que mouvement, tout n’est que vibration,
Constante agitation où tout n’est qu’illusion
Où la mort et la vie, alpha et oméga,
Se confondent et se fondent dans un même trépas…
J’ai trouvé un galet sur le bord de la plage
Un tout petit galet posé sur le rivage
J’ai trouvé un galet un matin de septembre
Un beau petit galet sur le sable au ton ambre
Il était rond et vert sur le sable brillant
Étincelant de mer sous le soleil naissant
Je me suis arrêtée sur la plage nacrée
Je me suis arrêtée pour mieux le contempler
Puis je l’ai enlevé à la mer irisée
Enlevé à la mer qui pleurait sous mes pieds
Il était chaud et doux dans le creux de ma main
Incroyablement doux ce galet dans ma main
Je l’ai mis dans ma poche ce petit bout de roche
Tout au fond de ma poche cet enfant de la mer
Je l’ai mis dans ma poche ce petit bout du monde
Tout au fond de ma poche ce fragment d’univers :
Cette portion de terre façonnée par la mer,
Bercée par le ressac, polie par les courants,
Ce précieux gemme vert conçu par le Néant,
Pensé par l’Absolu, porté par les étoiles…
Je l’ai mis dans ma poche ce tout petit caillou
Pour ne pas oublier qu’il porte en lui le Tout
Je l’ai mis dans ma poche pour ne pas oublier
Puis je l’ai oublié tout au fond de ma poche…
Poème lu à la RTS le 8.11.12
Mer, oh mer,
En dépit de mes cheveux blancs,
De mes rides et de mes blessures,
En dépit des vagues du temps
Qui sans fin plissent ma figure,
Comme un enfant je viens vers toi
Le cœur empli du même émoi.
Mer, oh mer,
Car je sais que malgré l’outrage
Du temps qui corrompt mon visage
Malgré la force qui l’ouvrage
À l’image d’un coquillage
Toujours en tes bras millénaires
Je serai un petit enfant…
Ô mer originelle
Qui la vie enfanta
Me voilà revenue
Entre tes bras liquides
Revenue me couler
En tes eaux caressantes
Comme au creux de ma mère
Au temps de ma naissance
Je barbote en ton sein
Vibrant de ton murmure
À l’écoute du chant
Qui façonna le monde
À l’écoute du temps
Qui sans fin le cisèle…
Bercée par le roulis
Des vagues frémissantes
Qui la chair et la pierre
Continûment polissent
J’ondule et me dissous
Au cœur de cet amnios
Palpitant de concert
Avec l’éternité…
Semblable au mouvement des vagues
Qui scandent la chanson du monde
Le poème scande les vers
De la grande épopée humaine
Comme les vagues vont et viennent
Rythmant l’aria du Vivant
Le poème rythme la vie
L’ordonnant au travers des rimes
Pareil Au Grand Ordonnateur
Qui organise le chaos
Le poème ordonne les mots
En organisant la pensée
Soumis au mouvement du monde
Qui inspire tout le Vivant
Le poème suit la cadence
Et respire avec l’Univers…
UN JOUR ÉTAIN...
Tout est gris, terne, étain !
La mer est grise,
Le ciel est gris
Le sable est gris,
Tout est gris,
Noyé dans un halo blafard
D’où seul émerge au loin le phare.
Tout est gris, sans éclat, sans tain !
Même le babillage
Des vagues un peu trop sages,
Aujourd’hui semble éteint,
Atteint par la torpeur
De la brume languide
Qui le rivage vide
De ses rares pécheurs.
Tout est gris, fade, étain,
Fondu dans le métal
De ce jour automnal,
Seule l’écume nacrée
Des rouleaux languissants
Qui festonne la plage
D’un fil phosphorescent
Rompt la monotonie
De ce temps vert-de-gris
Et donne au paysage
Sa grisante beauté…
Les uns après les autres
Ils s’en vont
Emportant leurs affaires
Et leur ambre solaire
Leurs petits parasols
Et leurs aérosols
Fâchés par la tempête
Qui gâche leur bronzette
Ils désertent la plage
Délivrant le rivage
Hésitants sous le vent
Et le sable cinglant
Frileux et déconfits
Dans leurs monokinis
Les uns après les autres
Ils s’en vont
Offrant par ce répit
A la plage souillée
Le temps de se laver
De leurs indignités
Seule avec son rivage
Enfin revit la plage
Et dans l’intimité
De la nuit retrouvée
La plage d’estivale
Redevient virginale.
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