E S - T U L À... |
Dieu est derrière tout, mais tout cache Dieu.
Victor Hugo
Poèmes philosophiques, spirituels et métaphysiques
Quand on posait la question à Aimé Césaire de savoir ce qu’il pensait des femmes, des hommes, de lui, de son caractère, il répondait que c’était dans sa poésie que se trouvaient les réponses. Que c’était dans ses poèmes les plus obscurs qu’il se découvrait et se retrouvait. Que c’étaient dans ses poèmes que ceux qui le lisaient pouvaient le découvrir.
Il disait : « La poésie m’intéresse, et je me relis, j’y tiens. C’est là que je suis. La poésie révèle l’homme à lui-même. Ce qui est au plus profond de moi-même, se trouve certainement dans ma poésie. Parce que « moi-même », je ne le connais pas. C’est le poème qui me le révèle et même l’image poétique.»
Alors si l’homme est dans sa poésie… la femme aussi...
Extrait des entretiens avec Françoise Vergès dans:
Nègre je suis, nègre je resterai.
Tout homme est un livre où Dieu Lui-même écrit. La poésie, c'est ce qu'il y a d'intime dans tout.
Victor Hugo
Décembre 2012 - 168 pages
Poèmes extraits du recueil Es-Tu là...
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Es-Tu là... | Fille du vent |
Fiat lux | Ma croix |
Dans ces reflets changeants qui animent le lac
Cette danse immobile qui le fait chatoyer
Es-Tu dans ces blés verts qui ondoient sous l’azur
Agités doucement d’un souffle silencieux
Es-Tu parmi ces feuilles qui bruissent dans le vent
Vibrant d’un même élan sous l’archet invisible
Dans ces rayons de feu qui embrasent les cimes
Éclairant les sommets érigés vers les cieux
Es-Tu dans ce bourgeon qui éclate au printemps
Cette fleur odorante qui déploie ses pétales
Dans cette chrysalide qui devient papillon
Ou cette coccinelle qui éploie ses élytres
Es-Tu là…
Caché au sein des œuvres de ceux qui croient en Toi
Tapi au fond des cœurs qui célèbrent l’Amour
Là dans cette souffrance qui éprouve les âmes
Et la décrépitude qui dévaste les corps
Es-Tu dans cette errance faite de solitude
Dans ce dépouillement qui pousse à ta recherche
Es-Tu dans le premier et dans le dernier cri
Dans ces déchirements entourés de lumière
Es-Tu dans cet oiseau au vol majestueux
Au bout de ce chemin dont l’issue est mystère
Es-Tu ce mouvement au cœur de l’immobile
Cette euphonie subtile résonnant de silences
Es-Tu dans cette voix qui inspire mon âme
Cette façon de voir qui guide mon regard
Es-Tu dans la conscience où tout est contenu
Dans cette aspiration pour le beau et le bon
Es-Tu là…
À Te manifester aux regards éblouis,
Rayonnant, invisible au sein de toute vie,
Lumineux et Vivant au cœur de la beauté,
Éveillant par la grâce les âmes à Ta Présence
Es-Tu là…
Quand de Toi j’ai conscience,
Là, quand j’invoque Ton Nom,
À Te manifester aux regards intérieurs
Animant de Ton souffle les temples où Tu palpites
Es-Tu là…
Car je Te vois et je Te sens
À chaque instant…
Ô ineffable esprit qui toute chose anime
Tu souffles sur la terre ta puissance de vie
Emplissant l’Univers de ton chant silencieux
Et dans le vent d’hiver les jours de grande peine
Et dans le vent d’été les jours de grande joie
Comme une résonance au plus profond de moi
S’élève dans mon âme ta mélopée secrète
Et ces jours de grand vent, pareil à un archet,
Ton ineffable souffle, sur mon cœur à l’écoute,
En fait vibrer les cordes comme d’un instrument
Ô ineffable esprit qui toute chose anime
Tu souffles dans mon âme ta puissance de vie
Accordant ma musique à celle de l’Univers
M’accordant de jouer dans ta composition.
Fugace instant du regard qui se pose
Qui le temps d’une grâce saisit l’insaisissable
Traversant la membrane de conscience vivante
Qui sépare les mondes et pourtant les anime.
Indicible durée où le regard se pose,
Durant lequel on voit, durant lequel on sent,
Où conscience soi-même s’écarte un peu le voile
Permettant à l’esprit d’en goûter l’ineffable,
D’entendre en soi la source couler dans l’Univers,
D’y approcher son âme pour la désaltérer
Et d’apaiser la soif qui sans fin la tourmente.
Indicible seconde où le regard se fond,
Où le temps d’un éclair il abolit l’espace,
Décousant le présent, franchissant le néant,
Révélant l’invisible dans cette déchirure,
Accordant à l’esprit, tourné vers ce dedans,
D’en saisir la substance et d’en chercher le sens.
Indicible durée où tel un papillon
Se pose le regard sur le bord du réel,
Où ainsi qu’une main emportée par l’élan,
Il perce l’au-delà plongeant dans l’inconnu,
Rapportant de ces lieux visions et intuitions
Que l’esprit inlassable traduira en images.
Car cela ne dure pas, éphémère est la grâce.
De ces instants fugaces, demeure le poème :
Mémoire du voyage vécu par la conscience
Qui captant, réceptive, ce langage hermétique,
A donné sens et forme à ce qui n’en a pas,
Témoignant grâce au verbe de ce monde invisible.
Fugace instant du regard qui se pose
Qui le temps d’une grâce saisit l’insaisissable
Pénétrant la mémoire de l’Essence invisible
Qui toute chose imprègne et toute chose inspire…
Je suis fille du vent, du jour et de la nuit ;
Je suis fille de la terre, du ciel et des étoiles ;
Je suis fille de l’eau, de l’air, fille du feu.
Je suis fille du soleil, des astres et du cosmos,
De tous ces éléments dont est issue la vie.
Je suis fille du Père : Mère de toute vie,
Fille de ce Grand Mystère qui tout a engendré,
Fille de cette étincelle qui tout a enflammé,
Fille de cette lumière où tout a commencé....
Je suis fille du vent, de l’espace et du temps,
Fille de cette matière née dans le même instant,
De ce courant puissant qui secoue le néant
Et maintient toutes choses dans le vide cosmique ;
Fille de ce battement qui pulse doucement
Animant de sa force la moindre particule.
Je suis fille du vent,
De cette vibration plus vive que l’éclair
Qui habite l’espace et sans fin le parcourt ;
Fille de cette Lumière qui baigne toutes choses
Invisible au regard mais qui éclaire l’âme ;
Fille de cette Immanence dont le souffle inaudible
Emplit de Sa Présence l’infinité des mondes...
Je suis fille du vent et de l’Esprit du Temps,
Fille de cette pensée qui le monde conçut
Je suis fille du vent,
Fille de cet Univers qui enfante sans fin
Et j’attends sans angoisse d’en rencontrer le Père
Car je sais qu’en mon sein je Le porte déjà...
Ma solitude n’est pas un puits où je me perds
Elle n’est pas un trou noir où j’erre et je m’abîme
Elle pour moi espace où danse la lumière
Matrice universelle où je forme des rimes
Elle n’est pas la souffrance que déplore l’humain
Ni cet enfermement où se murent certains
Elle est un lieu paisible où je me recompose
Un temple silencieux où sans fin je compose
Ma solitude est belle comme l’est la nature
Emplie de chants d’oiseaux et de tendres murmures
Elle rayonne en mon âme et sans fin me nourrit
De cette inspiration dont je cueille les fruits
Elle éclaire ma vie de sa grande richesse
M’apporte réconfort quand revient la tristesse
Elle est une énergie où je puise courage
Un endroit singulier à l’abri des orages
Ma solitude n’est pas un puits où je me perds
Elle n’est pas un trou noir où j’erre et je m’abîme
Elle est pour moi espace où danse la lumière
Mémoire universelle où je puise des rimes
Elle est ce lien unique qui me relie au Tout
Ce cordon essentiel qui me lie à la Source
Elle est pour moi chemin et la seule ressource
Pour saisir le Mystère que je pressens en tout…
Et la lumière fut !
Fulgurance jaillie
Des profondeurs de l’Être,
Animant les ténèbres,
Engendrant l’Univers,
Organisant la vie ;
Orientant chaque chose
Selon Sa volonté...
Et la lumière fut,
Pénétrant le néant
De son éclat premier,
Enfantant le cosmos
Par son flux colossal,
L’habitant tout entier
Du souffle original.
Et la lumière Est,
Visible et invisible
Partout et immanente
Emplissant de Présence
Le vide du néant
Et chaque particule
De son éternité.
Je doute et je crois, je crois et je doute,
Par instant transportée, par instant réservée,
Errant dans un brouillard que nul ne peut lever,
Mais toujours en recherche de ce qui tend ma quête.
Je crois et je doute, je doute et je crois,
Telle est ma foi, telle est ma croix,
Oscillant constamment entre doute et confiance,
Dans l’attente d’un signe qui ne viendra jamais.
Je marche dans la brume et parfois je m’égare,
Recherchant la lumière que je pressens si proche,
Parfois une trouée m’éclaire et me traverse,
Me donnant le courage de poursuivre plus loin,
Mais je doute et je crois, et je crois et je doute,
Telle est ma croix, telle est ma foi !
Je recherche la paix, l’amour et la lumière,
Mais sans fin je balance entre doute et confiance…
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