I N É D I T S |
L'âme a des illusions comme l'oiseau a des ailes; c'est ce qui la soutient.
Victor Hugo
Aller chercher ce mot
Ce mot qui nous échappe ,
Aller chercher ce mot
Ce mot qui nous agace,
Ce mot qui nous rend fou
Et que l’on cherche en vain,
Au plus profond de nous,
Le seul mot qui convient !
« Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses, le vrai saisit l'individu. Victor Hugo |
La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l'embue. Louis Aragon
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Pleins de ressentiment pour leurs frères humains
Sont partis les poètes, abandonnant la Terre,
Assoiffés d’absolu, sans espoir pour demain,
La planète ont quitté pour de vaines chimères.
Longtemps ils ont erré au cœur des galaxies,
En quête d’espérance, en quête d’harmonie,
Cherchant dans les Ténèbres où vibrait l’Univers
La trace originelle de l’Insigne Lumière.
Mille constellations leurs yeux ont contemplées
Découvrant la splendeur de mondes ignorés ;
Mille difficultés ils durent affronter
Confrontés au néant et à la vacuité.
Au cours de ce voyage, saisissant de beauté,
Un vertige les prit devant l’immensité ;
Ils se sentirent perdus face à cet Infini
Poussière insignifiante dans ce monde sans vie,
Et leur cœur se serra en songeant à la Terre
Ce monde regretté où sévissait la guerre
Cette planète bleue qu’ils avaient désertée
Féconde d’une vie précieuse et méprisée.
En dépit de l’éclat des astres étincelants
Et de l’exaltation née de cette odyssée
S’installa en leur âme un vide sidérant
Avivant la douleur des racines coupées.
Dans l’espace glacé gémissant de silence
Vint la mélancolie infiltrer leur esprit
Alors tous ils revinrent vers la Terre et la Vie
Conscients que de leurs vers dépendait l’existence.
Les poètes luttèrent contre la tyrannie
En éclairant les âmes de leurs vers lumineux
À tous ils insufflèrent le respect de la Vie
Célébrant la beauté d’un monde merveilleux.
Et vint cet idéal recherché en tous lieux
Ce rêve inespéré de paix et d’harmonie
Et vint ce paradis recherché dans les cieux
Où l'amour triompha grâce à la poésie...
© Catherine Gaillard-Sarron 15.02.16
Le cri d’un nouveau-né dans le jour qui se lève,
Le râle d’un vieillard qui s’éteint dans la nuit,
Un bourgeon qui s’étire, le vent qui le soulève,
Une feuille oubliée qui tombe racornie,
Le chant d’un rossignol, le rire d’un enfant,
Un refrain qu’on reprend un matin de printemps,
La bonne odeur du foin, un orage en été,
L’automne, puis l’hiver et sa beauté givrée,
Le soleil qui se couche, une étoile qui file,
La lune, les saisons qui tournent, qui défilent,
Les nuages, les hommes, qui sans fin se transforment,
La naissance, la mort, la vie protéiforme,
Une feuille fragile, un arbre centenaire,
Un flocon vaporeux au cœur de la tempête,
Un éclair dans la nuit, l’écume de la mer,
Le feu de l’amitié et la joie de la fête,
Un geste d’affection, quelques mots échangés,
Un poème d’amour composé pour l’aimé,
Un sourire, un regard, une main qui se tend,
Des notes, des paroles, qui s’envolent au vent,
Une ronde incessante d’instants qui se succèdent,
Qui jaillissent et s’enchaînent pour former le présent,
Un présent fugitif, un présent éternel
Qui contient toute vie dans sa paume infinie,
Une continuité qu’on appelle le temps,
Qui sans fin nous échappe et file entre nos doigts,
Un fol enchaînement de scènes éphémères
Qui constituent la vie dans sa fugacité
Et donne à ce Présent un goût d’éternité…
© Catherine Gaillard-Sarron 13.04.16
Coule, coule la vie,
Malgré la peine et le souci,
Coule, coule la vie,
Creusant dans les âmes son lit.
Parfois sur son parcours
Des obstacles se dressent
Ralentissant son cours
Apportant la détresse
Créant des turbulences
Où n’était qu’harmonie
Ébranlant la confiance
Qu’on avait dans la vie
En ces noirs tourbillons
Où rôde la Camarde
Le cœur est en haillons
Et l’âme se lézarde
Sa présence glacée
Rappelant l’évidence
De la précarité
De notre humble existence
Et puis la vie reprend
Portée par l’espérance
Charriant dans ses flancs
L’angoisse et la souffrance
Follement elle jaillit
Pleine d’effervescence
Dilatant l’existence
De sa pure énergie.
Coule, coule la vie,
Drainant la peine et le souci,
Coule, coule la vie,
Entraînant chacun dans son lit…
© Catherine Gaillard-Sarron 15.04.16
Pareil à un vaisseau arrimé à la terre
Se dresse dans l’azur le Vasco de Gama,
Ni vague ni ressac sous sa coque de pierre
Mais lames aux tons verts rayées de chemins plats.
Devant lui point de mer mais le Lez aux eaux claires
Détourné de son lit le temps d’une aventure ;
Enclave de douceur encerclée de lumière
Où palpite un grand cœur tapissé de verdure.
Pareil à un vaisseau en attente du vent
Immobile se tient sur les cieux indigo,
Pourpre sous le soleil qui baigne ses auvents
Son invisible proue tournée vers le plan d’eau.
Dans le courant des jours il rêve de voyages
Déployant à tous vents sa voile imaginaire ;
Sur l’océan du ciel écumant de nuages
Il cingle droit devant sans souci d’un amer.
Pareil à un vaisseau paré pour la croisière
D’étranges passagers il accueille à son bord,
Comme lui, immobiles, ils fixent la rivière
En rêvant de voyages sans se soucier des ports…
© Catherine Gaillard-Sarron 21.05.15
Sentir sur soi le poids de l’étoffe des ans
Comme un manteau trop lourd à la fin de l’hiver,
La sentir s’incruster lentement dans la chair
Y creuser des sillons comme on laboure un champ.
Sentir sur soi le poids de l’étoffe des ans,
Son invisible drap perturber la vision,
Sa texture subtile altérer la raison,
Se sentir décliner en ses plis étouffants.
Sentir sur soi ce poids qui s’en va grandissant
Arrondissant les dos, affaissant les paupières,
Éteignant peu à peu sous ce drapé amer
L’étincelle de vie qui nous maintient vivants.
Sentir en soi la vie malgré le poids des ans
Et offrir son visage à la brise légère,
En goûter la douceur, la grâce passagère
Et savoir que ce poids s’en va diminuant
Sentir en soi la vie sous l’étoffe des ans
Palpiter et vibrer en dépit des années,
Se donner tout entier à cette vénusté,
Et sous cape se rire des outrages du temps…
© Catherine Gaillard-Sarron 25.05.16
Regarder devant soi sans souci du passé
Faire un pas après l’autre en marchant droit devant.
Aller à l’essentiel, être reconnaissant,
Conscient à chaque instant de cette vérité.
Rendre grâce à la vie, contempler la beauté,
Sans fin s’émerveiller, pareil à un enfant.
Se fondre dans l’azur, ici et maintenant,
Confiant en l’avenir sans plus se retourner.
Chasser de soi le mal pour aimer sans détour,
Aimer sans condition, sans retour et toujours.
Comprendre que l’amour est le salut du monde,
Que tout est né de lui, que tout passe par lui,
Qu’il est l’unique voie pour combattre l’immonde
Et apporter la paix au cœur de notre vie.
© Catherine Gaillard-Sarron 01.06.16
Slam, slam, slam ! Un rythme qui enflamme Des poètes qui s’ex-slament Qui clament ce qui va mal Qui slament leur vague à l’âme, Qui le vers musical Dans les rues dans les trams Leur poésie déclament Sans souci du scandale !
Slam, slam, slam ! Et leurs mots qui cavalent Qui claquent et qu’ils avalent Qu’ils tirent en rafales Qui déferlent par lames ! Leurs mots comme des balles Qui sifflent dans les salles Leurs mots contre les armes Tranchants comme des lames!
Slam, slam, slam ! Des poètes qui s’ex-slament Qui déclarent leur flamme Qu’on aime ou qu’on diffame Qui slament ce qui se trame ! Des aèdes hommes ou femmes Qui s’indignent et s’exclament Qui dérangent et nous charment Qui sans fin nous désarment !
Slam, slam, slam ! Des êtres qui réclament Déclenchent des alarmes Des êtres qu’on remballe Que rebelles on proclame ! Des gens tout feu tout flamme Qui sur le macadam En dépit du ramdam Déploient leurs m-oriflammes!
Slam, slam, slam ! Des phrases qui enflamment Les esprits et les âmes Qui sans souci étalent Magouilles et cabales ! Des mots comme des blâmes Quand la colère entame Des mots comme des rames Pour échapper aux drames !
Slam, slam, slam ! Des rimes qui nous parlent Qui les abus déballent Des rimes qui font mal Qui font monter les larmes ! Des refrains qui brimbalent Qui la conscience installe Qui stimulent ou qui calment Notre cœur ou notre âme !
Slam, slam, slam ! Des poètes qui s’ex-slament Des poètes qui s’enflamment Qui manient le sarcasme L’ironie, le fantasme Des poètes hommes ou femmes Qui dénoncent le mal Qui clament leur vague à l’âme Qui slament et qu’on acclame !
Slam, slam, slam ! Quelques vers de cristal Dans un monde immoral Pour que dans l’idéal La justice prévale Quelques vers en cavale Pour dénoncer l’infâme Et arrêter ce bal Où racole le mal.
© Catherine Gaillard-Sarron 10.6.15 - Extrait du recueil Ex-slamation
Frissonne dans un tremblement Le feuillage des chrysanthèmes Qui sous le souffle du Joran De jaune la tombe parsème.
Sur le marbre la lune éclaire Les fleurs d’une pâle lumière Créant d’étranges lumignons En cette nuit de communion.
Sous l’infini qui se déploie L’ombre d’un homme se dessine ; Agenouillé on le devine Sous l’emprise d’un grand émoi ;
Son corps fin tremble dans le froid, Ses frêles épaules s’agitent ; Devant la simple croix de bois Une potion il ingurgite…
En ce lendemain de Toussaint Son Grand Amour vient célébrer, Pour lui la seule vérité Jamais tenue entre ses mains.
Bien au-delà de l’amitié, En cette fête des défunts, L’élan de la fidélité De son rayonnement l’étreint.
Sans raffinement sur la pierre L’homme sur la tombe s’affaisse Serrant plein de délicatesse L’aimée dans son cadre de verre.
S’envolent dans un coup de vent Les chrysanthèmes dans la nuit, Comme l’âme des deux amants, Dans la mort enfin réunis… © Catherine Gaillard-Sarron 25.08.15 Elle s’en va sur les chemins À l’heure où tous les chats sont gris Quand les ombres au vent se marient Et s’enroulent aux pieds des pins
Elle s’en va l’âme vibrante Dans la lumière déclinante À cette heure entre chien et loup Où se réveille le hibou
Quand le jour lentement se glisse Vers la nuit sa tendre complice Que le soleil à l’horizon Rougeoie de ses derniers tisons
Discrète elle va dans le soir, Cette antichambre de la nuit, À l’heure où l’oiseau rentre au nid Et le loir quitte son abri
Où les ombres étranges se mêlent Et l’obscurité ensorcellent Où l’œil argenté de la lune Cligne sur la campagne brune
Ouverte à ce monde secret Elle s’en va d’un pas discret À l’écoute des bruissements Qui peuplent son âme et le vent.
© Catherine Gaillard-Sarron 08.09.15 Il y a dans tes yeux aux couleurs de la terre Le même éclat vital qui anime la vie, Comme elle tu te bats, malgré les vents contraires, Tourné vers l’avenir, sans un mot sans un cri.
Il y a dans ton corps solide comme un chêne, La force, l’énergie, qui défient les orages, Tu affrontes le temps qui pulse dans tes veines Fier et droit dans l’azur, sans colère ni rage.
Il y a dans ton cœur, grand ouvert à l’amour, Un espace infini pour tous ceux que tu aimes ; Ta présence, tes rires, un bon mot un bonjour, Tu donnes, tu te donnes, sans aucun stratagème.
Il y a dans ton âme, légère et transparente, Une radieuse paix que rien ne peut troubler ; Intègre et dévoué en dépit des tourmentes Tu es celui que j’aime pour l’éternité…
© Catherine Gaillard-Sarron 13.04.15 J'ai gagné ma fortune en jouant du pipeau Sur les places des villes et celles des châteaux Semant aux quatre vents mes douces ritournelles Illuminant les yeux de belles jouvencelles
J'ai gagné ma fortune en jouant du pipeau Enchantant par mes airs des foules de badauds Qui tapaient dans leurs mains en claquant des sabots Et balançaient joyeux des sous dans mon chapeau
J'ai gagné ma fortune en jouant du pipeau Toujours sur les chemins et par monts et par vaux Offrant par mes rengaines une joie substantielle Au plus petites gens privées de l’essentiel
J'ai gagné ma fortune en jouant du pipeau Me contentant de peu, écoutant les oiseaux, J'ai gagné ma fortune en jouant du chapeau Le tendant hardiment à tous les nobliaux
J'ai gagné ma fortune au milieu des bistrots En jouant du pipeau pour de pauvres poivrots Égayant leurs regards d’une ivresse nouvelle Les poussant à chanter combien la vie est belle
On ne devient pas riche en jouant du pipeau Juste de quoi manger en passant le chapeau Et pourtant ma fortune ce n’est pas du pipeau Car grâce à ce dernier je suis comme un oiseau Dispensant simplement avec ma flûte à bec Le bonheur d’être au monde en mangeant du pain sec…
© Catherine Gaillard-Sarron 7.8.15 La lune lève sa paupière Sur le village de Chamblon De petits carrés de lumière Trouent l’obscurité de charbon
Sur l’étang où gémit le saule Elle se mire dans l’eau sombre Sous le banc un petit chat miaule Dissimulé dans la pénombre
La lune lève sa paupière Sur les monts dominant Chamblon Nimbant d’argent le Chasseron D’une douce clarté lunaire
Sous la pâleur de son regard Les champs blanchissent par segments Au lointain le faisceau des phares Perce la nuit de longs traits blancs
Un nuage voile son œil La lune cligne sa paupière Privée de sa douce lumière Soudain la nature est en deuil
Un hibou chante dans le bois Une corneille se réveille Dans les maisons les villageois S’endorment d’un profond sommeil
Scintillant de milliers d’étoiles Le lac miroite sous son orbe Un instant resplendit la voile D’un voilier que la nuit absorbe
La lune baisse sa paupière Sur le village de Chamblon Cédant sa place et la lumière Au soleil et ses doux rayons…
© Catherine Gaillard-Sarron 19.10.15 - Hommage à Chamblon
Te voir sourire, rire, Dormir à tes côtés ! Prendre ta main dans la mienne Sentir ta peau contre moi.
Te voir courir, libre, Admirer ton courage ! Caresser tes muscles fins Me blottir entre tes bras.
Te voir heureux, sauf, Me lever avec toi ! Croiser ton premier regard Entendre tes premiers mots.
Te savoir près de moi Te savoir tout à moi ! Vivre auprès de ton amour Battre au rythme de ton cœur !
Te voir aimant, aimé, Me coucher près de toi Et sans fin recommencer Sans me soucier de demain…
© Catherine Gaillard-Sarron 13.2.15 pour la St Valentin
Au Lessy mes amis Est un fin cordon-bleu Qui tous les mercredis Sert un plat merveilleux
De partout les gourmands Accourent pour y goûter Et comme ensorcelés Y reviennent en courant
Si vous voulez savoir De quel mets il s’agit Venez donc vous asseoir Aux tables du Lessy
Mais sachez que ce plat Digne d’un grand palais Vous laissera sans voix Tant son goût est parfait
Je n’en dirai pas plus Sur ce plat tant couru Si ce n’est croyez-moi… Qu’il n’est pas pour le chat ! © Catherine Gaillard-Sarron 30.08.09 Pour la Famille Oppliger Au fil de l’eau, au fil du temps, Se tient le moulin dans le vent Sa roue à aubes allègrement Plongeant dans le flot du courant
Et l’on entend dès le matin Crisser la meule sous le grain Presser et moudre avec entrain Le blé qui donnera le pain
Mouline le moulin le blé d’or en farine Tourne, tourne la roue, la meule moud le grain, Mouline le meunier le blé dès les mâtines Tourne, tourne la meule, bientôt sera le pain.
Au fil des mots, au fil du temps, Se tient le chantre dans le vent Sa roue à rêves allégrement Plongeant dans le flux du courant
Et l’on entend dès le matin Crisser sa plume avec entrain Tracer et marquer le vélin Des mots qui feront ce refrain
Mouline le poète les paroles en comptine Tournent, tournent les mots, dans sa tête sans fin, Motline le poète les paroles en sourdine Tourne, tourne la vie, en voici le refrain…
© Catherine Gaillard-Sarron 16.04.14 1er prix poésie concours de poésie Moulin mouline 2014.
Je ne crains pas la fin du monde En ce beau matin de décembre Mais celle de l’humanité Qui se perd dans la vacuité ; Je ne crains pas la fin du monde Qui tournera bien après moi Mais la fin de l’humanité Qui le détruit impunément.
Je crains l’homme et sa déraison, Son orgueil et sa démesure, Cette insatiable avidité Nourrie de pouvoir et d’argent Qui lentement pourrit le monde Et déshumanise les êtres.
Je ne crains pas la fin du monde Annoncée par les faux prophètes Mais celle de l’humanité Qui ne veut pas se réveiller ; Je crains sa coupable inconscience Et sa terrible indifférence Pour la terre qui la nourrit Et se dégrade sous ses yeux.
Je ne crains pas la fin du monde Qui tournera bien après moi Mais la fin de l’humanité Qui ne voit rien et n’entend rien Confite dans un égoïsme Qui précipite le désastre.
Je ne crains pas la fin du monde En ce clair matin de décembre Mais celle d’une humanité Où plane l’ombre de la mort ; Je ne crains pas la fin du monde Qui retrouvera sa beauté Mais la fin de l’humanité Dont la bêtise est consommée…
© Catherine Gaillard-Sarron 21.12.12
Sur les traverses de la vie S’en va le petit train des jours Cahin-caha droit devant lui S’en va sans espoir de retour
Trop vite s’envole l’enfance Rattrapée par l’adolescence Temps d’insouciance, d’impatience, Empli d’espoir et de souffrance
Puis vient le temps des formations Des professions, des décisions Celui des choix et des passions Des amères désillusions
S’en va le petit train des jours Sur les traverses de la vie S’en va sans espoir de retour Cahin-caha droit devant lui
Après le temps de la jeunesse De l’allégresse, des caresses Déjà se pressent la vieillesse Et la Camarde sa prêtresse
Envolé le temps de l’action Des rêves fous, des trahisons Sur des lits devenus prisons Le temps de la dégradation
Sur les traverses de la vie S’en va le petit train des jours Cahin-caha droit devant lui Sans aucun espoir de retour…
© Catherine Gaillard-Sarron 4.06.15
Dans ce grand carnaval où chacun se trahit Il avance sans masque, le cœur et l’âme à nu, Ignorant l’artifice et la duplicité Il veut voir au-delà des simples apparences ; Entouré du mensonge et de l’hypocrisie Il ose la franchise et la sincérité.
À visage découvert, il avance, incongru, Troublant par son audace un ordre millénaire. Dans cette mascarade où tout est travesti, Il se veut authentique et se déclare libre : Libre d’être lui-même au milieu des tartuffes, Rejetant l’imposture et la compromission.
Mais la farce est tragique et le prix élevé ; Dans cette comédie pleine de faux-semblants, Les rôles sont inversés et c’est lui le bouffon. Puissants de leur bêtise les autres s’en amusent, Le revêtant de force pour jouer dans leur cirque, Des habits de misère d’un vil bouc émissaire.
Sous la risée publique il s’en va solitaire, Devenant le héraut d’un message caché, Mais dans son regard clair rayonnant de lumière, La vérité flamboie, pareille à un soleil, Chassant l’obscurité et dessillant les yeux Des êtres courageux qui osent l’affronter.
© Catherine Gaillard-Sarron 22.9.04
Pour qui ce corps ferme, Mince et musclé ? Ce corps entrainé, Dur à l’effort, à l’épreuve, Ce corps en souffrance, Ce corps en errance. Pour qui ce corps soigné, Épilé, oint, parfumé ? Ce corps parfait, sain, Fait pour la caresse, Prêt pour la tendresse ; Ce corps jeune et vigoureux, Ce corps instrument, Ce corps qui transcende le tourment Dans la douleur, Qui expie par l’effort La culpabilité de n’être pas aimé… Pour qui ce corps en pénitence ? Ce corps qui se prépare, Se pare et se tend Vers un autre Qui ne le voit pas… Ce corps invisible qui se punit De ne pas exister, De n’être pas choisi, D’être seul ! Pour qui ce corps en latence ? Ce corps en suspens ? Ce corps qui se tord Dans les affres du sport, Ce corps qui fond De sueur et de larmes, Qui morfle et se morfond Dans l’attente d’un autre D’un authentique ac-corps à corps...
© Catherine Gaillard-Sarron 23.4.10
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Elle parle, elle parle, Elle dit sa vie, son quotidien, Elle dit c' qu’elle aime et c' qu’elle aime pas, Les corvées à faire et les repas, Ce qu’elle a vu, ce qu’elle a lu, C' qu’on lui a fait, c' qui l’a émue ; Elle dit ses joies et ses chagrins, Elle parle, elle parle, De toutes ces choses qui font sa vie, De toutes ces choses qui sont la vie... Mais ils ne l’entendent pas Ils ne lui répondent pas Ils ne la voient pas Pis... Ils la regardent exaspérés Et lui disent de se taire.... Tais-toi ! Tais-toi ! Répètent-ils à l’envi On veut manger tranquille On veut penser tranquille On veut dormir tranquille Elle les fatigue Elle les assomme Elle le voit dans leurs yeux... Alors elle s’interroge À quoi sert-elle ? À qui sert-elle ? Pourquoi sert-elle ? Qui est-elle ? Elle ne parle plus, de ce qu’elle a fait, Elle ne parle plus, de ce qu’on lui fait, Elle se tait ! Désormais Ils peuvent manger tranquille Ils peuvent penser tranquille Ils peuvent dormir tranquille Mais elle les fatigue encore Elle les assomme encore Elle le voit dans leurs yeux... Pis... Ils la regardent exaspérés Et lui disent leur ennui.... Tu ne dis jamais rien ! Répètent-ils à l’envi...
Alors elle a compris Et a claqué la porte, Emportant la parole Comme unique bagage. Redevenue elle-même Elle a pu reparler De tout et puis de rien De ce qui fait la vie. Qu’elle parle ou qu’elle se taise N’avait pas d’importance La seule chose qui comptait Était qu’elle les servait ! Désormais Ils ne peuvent plus manger tranquille Ils ne peuvent plus penser tranquille Ils ne peuvent plus dormir tranquille Elle n’est plus là pour les servir... Et avec la parole... s’est envolé le dialogue ! Depuis, ils parlent, ils parlent... Mais ils ne s’entendent plus !
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Si longtemps les hommes l’asservirent ! Viendra-t-il le temps de la servir ? Après le temps de la souffrance Viendra-t-il le temps de la reconnaissance ?
Car la dominant depuis toujours, L’homme n’a pas conscience qu’elle est amour Et pourtant par deux fois, Par amour chaque fois, La Femme lui donne la vie.
La première fois dans un cri de souffrance, Prix de son amour pour lui, Elle lui donne naissance Lui fait don de la vie, Parfois de sa vie, S’enchaînant par cette délivrance À l’aimer, à le chérir et à l’élever, Recevant cependant en retour, étonnée, blessée, Non son amour mais son égoïsme et sa vanité,
Et la deuxième fois, également Dans un cri de souffrance En s’offrant à lui totalement, Elle lui révèle la jouissance, Le faisant naître à lui-même, Maîtresse initiée À la sagesse cachée, L’éveillant dans l’amour Au mystère de la vie, L’éveillant par amour Au mystère de sa vie. © Catherine Gaillard-Sarron 2002 Haut de page |
Ours dans sa caverne, il se terre Fuyant la vie, solitaire et terre à terre. Libellule aux ailes de lumière, Elle est libre et légère, voletant dans les airs.
Elle est le jour, il est la nuit Et pourtant il la tient enfermée dans sa main. Elle est rivière, il est désert, Elle fait couler la vie quand il cherche à l’ôter.
Il est froideur, elle est chaleur, Il est dureté, elle est douceur, Elle est lucide quand il est aveugle Il est sourd quand il faut entendre.
Elle est souplesse, il est cassant, Elle est amour, il est colère, Elle pardonne quand il châtie Il prend quand elle donne.
Elle est patience, il est égoïste, Il est violence, elle est tendresse, Elle veut la paix quand il veut la guerre, Il donne la mort quand elle donne la vie.
Le prix du sang pour eux n’est pas le même, Naissance pour elle, puissance pour lui, Fécond pour elle, mortel pour lui, Elle est harmonie quand il est chaos.
Il est pulsion, elle est raison, Elle est sage, il est déraison, Il force quand il faut prier Elle cède quand il faut résister.
Il est faible, elle est courageuse, Elle est forte, il est lâche, Il fuit quand il faut rester, Elle reste quand il faut s’enfuir, Elle part quand elle a compris, Il pleure quand elle est partie. Tout en eux est différent. Il est ours, elle est libellule, Il cherche à l’enfermer dans sa caverne Quand elle veut rester dans la lumière.
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LE GRAND MAGASIN
Par la porte à tambour Tourniquant tout le jour Chacun vient tour à tour Y faire son petit tour
Car le grand magasin Éclatant mais si vain Attire dès le matin Badauds et citadins
Lieu de consommation Parvis des tentations Le magasin attise Toutes les convoitises
Seul ou accompagné Nonchalant ou pressé Chacun vient-y chercher Un peu d’humanité
Et poussant des caddies Grands comme leurs envies Tous flânent indécis Au milieu des produits
Remplissant à gogo Leurs immenses chariots Ils comblent à l’infini Le vide de leur vie
Dans le grand magasin Achalandé de biens Faute d’humanité Chacun vient consommer. |
MOTS-BALISES
Des mots comme des outils, des mots comme des ferments, pour bien forger le monde et faire lever l’esprit. Des mots comme une matière, autonome et vivante, pour incarner l’idée et créer la pensée. Des mots à repenser quand le sens est trahi. Des mots à inventer pour retrouver du sens. Des mots comme des bagages, des mots comme des balises, pour ne pas oublier et éclairer le monde. Des mots comme un espoir, des mots comme un salut, pour pouvoir exprimer et toujours exercer l’immense liberté que celle de penser !
Cath. Gaillard-Sarron 21.02.05
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COUP DE GOMME
Jeunes ou laids, Belles ou vieilles, Petites ou grands, Minces ou replètes, Sages ou méchants, Brutes ou tendres, Bêtes ou savantes, Riches ou pauvres, Illustres ou méconnus, Célèbres ou anonymes, Disparaissent les hommes Sans plus laisser de traces, Effacés par la mort Qui les gomme d’un coup. Ne laissant dans les cœurs, « Gommure » de leur vie, Que l’amour véritable Qu’ils vouaient aux vivants.
© Catherine Gaillard-Sarron 7.1.07 |
FLEURS DE VIE
S’ouvrir comme une fleur à la rosée Et s’épanouir sous le soleil, Se laisser envahir par sa chaleur, Pénétrer par sa présence, Sentir sur soi son souffle chaud ; Ressentir sur sa peau la caresse du vent, Frissonner doucement à ses effleurements, S’offrir tout simplement à l’air et à la terre, Éprouver dans son corps et avec son esprit, La communion des sens et des quatre éléments.
S’ouvrir comme une fleur à l’amour, Se laisser baigner par sa chaleur, Pénétrer par sa douceur ; Sentir en soi sa force vive, Ressentir en son cœur et son âme, La puissance de sa lame, Frissonner doucement à ce déferlement, S’offrir totalement à son fluide et son feu Et le temps d’une extase au goût d’éternité Communier un instant avec la vie elle-même.
S’ouvrir comme une fleur à la rosée Et accueillir en son calice, Chaque jour que Dieu fait, L’amour comme un présent Sans cesse renouvelé. © Catherine Gaillard-Sarron 6.4.08
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RE-DÉ-COMPOSITIONDeux mètres sous la terre La vie se décompose Et par milliers les vers S’activent à la chose Grouillante et blanche armée Œuvrant dans les ténèbres Aux toilettes funèbres Des corps jadis aimés Ne laissant que les os Blanchis dans le terreau.
Deux mètres sous la terre La vie se recompose Et par milliers les vers S’activent à la chose Grouillante et blanche armée Œuvrant dans le silence À mêler à la terre Les chairs dénaturées Perpétuant la danse De la vie incarnée.
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ATTENTE
Lui c’est un accident, Elle une maladie, Pour cet adolescent, C’est depuis la naissance...
Face à ces défaillances Qui minutent leur vie Pas d’autre solution Que la transplantation;
Tous les trois ils attendent En espérant un cœur, Tous les trois ils espèrent En attendant un foie...
Ils souffrent et désespèrent En attendant cette heure, Ce bip-bip capital Qui sauvera leur vie !
Tous les trois ils attendent Cet instant sans temps mort Où pour une fois la mort Sera source de vie,
Ces minutes cruciales Où transcendant le mal Leur vie se poursuivra Grâce à un don d’organe...
© Catherine Gaillard-Sarron 4.10
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LE VISAGE DE LA SOUFFRANCE
J’ai reconnu sur ton visage L’hideux masque de la souffrance Souffrance qui me dévisage Car elle aussi m’a reconnue
Et ta douleur devient la mienne Et se confond avec ma peine Car ta souffrance me rappelle Celle qui dormait au fond de moi
J’ai reconnu sur ton visage L’hideux masque de la tristesse Sous tes paupières gonflées de cendre L’immense vide de l’absence
Et malgré tes lèvres muettes Scellées sur un dernier baiser Ton tourment résonne en mon cœur Plein de sa propre meurtrissure
Ton chagrin ravive le mien Et amplifie ma compassion Je connais ces lieux de détresse Où l’on va seul et l’âme en peine
J’ai reconnu sur ton visage L’ombre blafarde de la mort Camarde qui me dévisage Car elle aussi m’a reconnue
De ses yeux creux elle me regarde Comme elle contemple toutes choses Me ramenant en cet instant À ma fragile condition
Et ta douleur devient la mienne Et vibre au tréfonds de mon cœur Car ta souffrance me rappelle Que la perte d’un être cher Est un chagrin universel Partagé par tous les mortels.
© Catherine Gaillard-Sarron 8.5.12
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