N O T R E D A M E N A T U R E |
Ne vous croyez ni grand ni petit ! Contemplez.
Chose inouïe, c'est au-dedans de soi qu'il faut regarder le dehors. Victor Hugo
Victor Hugo |
Avril 2015 - 124 pages
Poèmes extraits du recueil Notre Dame Nature
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L'embryon de la vérité | Chamblon | Notre Dame Nature | Fusion |
Je suis entrée dans le silence
Comme on entre dans une église
Avec l’envie de me défaire
De mes craquements intérieurs
Je suis entrée dans le silence
Pour échapper à la clameur
Ce flot bruyant et continu
Qui parasite tous mes sens
Cette marée de sons urbains
Qui sous ses rouleaux incessants
Emplit l’âme de vacuité
Et broie la pensée poétique
Je suis allée vers le silence
Pour oublier la frénésie
Pour me soustraire à sa folie
Pour mieux entendre au fond de moi
Mes vagissements de conscience
Je suis allée vers le silence
Pour écouter le chant du monde
Pour en percevoir la beauté
Pour découvrir en son giron
L’embryon de la Vérité
Je suis allée vers le silence
Comme un enfant va vers sa mère
Pour apaiser l’agitation
Qui sans fin trouble mes pensées
Pour entendre au creux de mon cœur
Battre le sien en résonance
Pour que surgisse au fond de moi
La source de l’inspiration
Je suis entrée dans le silence
Comme on entre dans une église
Pour renouer avec l’Esprit
Et retrouver la paix de l’âme.
Champs blonds, champs bruns,
Champs blancs, champs verts,
Sans fin défilent les saisons
Sur la colline de Chamblon
Offrant au poète ravi
De la nature les lavis
Champs bleus, champs jaunes,
Champs rouges, champs mauves,
Et se succèdent les tableaux
Comme une rengaine éternelle
Brossant à grands coups de pinceaux
Une beauté universelle
Champs blonds, champs bruns,
Champs blancs, champs verts,
Sans fin défilent les saisons
Sur la colline de Chamblon
Peignant au gré de leurs humeurs
Des champs de toutes les couleurs.
© Catherine Gaillard-Sarron 2015
Sous l’ombrelle des feuilles agitées par la brise
J’admire le soleil pénétrer les branchages
Ses rayons verticaux comme les grandes orgues
Animant la forêt de ses rais lumineux
Fascinée je contemple ces colonnes diaphanes
Où le vent invisible joue ses notes sublimes,
Céleste liturgie qui apaise mon âme
Et l’accorde à l’esprit qui emplit la futaie
Adossée à l’écorce d’un chêne millénaire
Je goûte le silence qui bruit autour de moi
L’accueillant en mon cœur qui devient cathédrale
Et vibre du cantique chanté par la Nature
Tel un chant grégorien il emplit la forêt
Célébrant en son chœur la Vie et la Lumière.
Reliée à cet arbre qui pulse contre moi
Je me fonds dans l’espace et dans la paix du monde…
Une brise légère
Fait ondoyer les blés
Simulant une mer
Aux mouvances dorées
Au bord de la forêt
Caressées par le vent
Les feuilles doucement
Bruissent sous son archet
Tout n’est que vibrations
En ce jour estival
Où criquets et grillons
Ardents mènent le bal
En ces heures brûlantes
Où les hommes sommeillent
La nature éclatante
Chante sous le soleil
Et rit dans les vergers
Où murissent les fruits
Danse avec les épis
Frémissant dans les prés
À grands coups de pinceaux
Sous le ciel indigo
Elle peint de l’été
Un tableau safrané
Mêlant l’or et le vert
Au lapis-lazuli
Elle éclaire la terre
De ses chauds coloris
Embellit les jardins
De bouquets de couleurs
Inondant de senteurs
Le moindre des chemins
En ces heures brûlantes
Où les hommes sommeillent
La nature éclatante
Chante sous le soleil
S’accordant aux clarines
Qui tintent dans le vent
La campagne badine
Fredonne l’air du temps.
© Catherine Gaillard-Sarron 2015
Morille je te rends grâce pour ta beauté sauvage
Ton art du camouflage, ta finesse et ta classe,
Je loue ta faculté à te dissimuler
À sans fin déjouer les adeptes obstinés
Je bénis ta présence au cœur de nos sous-bois
Qui ravit tous mes sens et me laisse sans voix
Je prise ton odeur et ton grain velouté
Ta chair et ta saveur encore inégalées
Morille je te rends grâce pour ta belle noblesse
Ta robe de princesse et ta vie si fugace
J’aime ton pied altier et ta coiffe conique
Ton délicat maillé et tes teintes uniques
Plus qu’une morilleuse je suis une amoureuse
Éperdue de passion dès que vient ta saison
Tu es si désirable quand ton chapeau pointu
Un peu inattendu pointe sous un érable
Devant toi je m’émeus comme un enfant heureux
Quand au pied d’un sapin je te découvre enfin ;
Morille je te rends grâce pour ta quête tenace
Qui m’apprend la patience et ouvre ma conscience
Pour la magie soudaine d’une belle cueillette
Qui met mon cœur en fête et fait de toi ma reine
Pour ce don merveilleux offert aux plus fervents,
Ce sylvestre présent tissé de mystérieuxCe miracle boisé au parfum délectable
Ce champignon princier digne des grandes tables ;
Morille tu es la reine des forêts et des plaines
Mystifiant au printemps tes nombreux prétendants
Pour toi ils s’agenouillent transis par ta splendeur
Te poursuivent des heures pour revenir bredouilles
Ils te cherchent assidus sur le bord des talus
Traquent les conifères où parfois tu prospères
Morille te rendre grâce
Du mois de mars aux saints de glace !
Tu es pour moi la reine des hôtes de ces bois
Tu seras pour mes hôtes la reine de mes plats !
Dans le ciel cristallin
Lavé de tout nuage
Se détachent les cimes
Pointes étincelantes.
Libérées de leurs brumes
Par le vent salvateur
Luisent dans le soleil
Illuminant mon âme.
Rient les dents du Midi
En ce radieux matin,
Offrant à mon regard
Leur sourire éclatant,
Éclairant Champoussin
Qui retrouve sa vie
Et toute la nature
Qui partage sa joie.
Et je ris avec elles
Le cœur plein d’allégresse,
Heureuse d’assister
À ce joyeux réveil,
À cet enchantement
De la vue et des sens,
Rayonnant à mon tour
De leur beauté magique.
Rient les dents du Midi
En ce radieux matin,
Chassant du paysage
La grisaille et la pluie;
Souriant à la vie
Elles rient de leurs sept dents,
Insouciantes du temps
Qui trop souvent les gâte …
© Catherine Gaillard-Sarron 2015
Dans l’absolue clarté du ciel
Où ne transite aucun nuage
Mon regard se perd dans le bleu
Qui se confond avec la mer.
Délimitant le ciel et l’eau
Un trait scintille à l’horizon
Fragile frontière argentée
Où glisse un voilier solitaire.
Sur la digue de rochers noirs
Un pêcheur surveille ses lignes,
Il se dessine sur l’azur
Immobile parmi les pierres.
Les vagues roulent à mes pieds
Me berçant d’un doux clapotis
Auréolant de leur écume
Ma peau brûlante qui frémit.
Un vent aux fragrances marines
Me rafraîchit de son haleine
Et souffle au creux de mon oreille
Le secret qui lie toute chose.
Tout est calme, tranquille,
Je ferme les yeux.
Sur moi le soleil et le bleu du ciel,
En moi le ressac et son mouvement,
Qui rythme mon pouls, ma respiration.
Mon cœur se dilate, mon âme s’éveille.
Je redeviens vague au creux de la mer
Onde frémissante au sein du cosmos
Et je me dissous dans le corps du monde…
© Catherine Gaillard-Sarron mai 2008
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