R É F L E X I O N S - O P I N I O N S |
Savoir, penser, rêver. Tout est là.
Victor Hugo
Qu'est-ce que l'inspiration?
Pourquoi faire la fête ? Écrire ? Est-ce mal de faire bien ? Qui, de l’handicapé ou de celui qui le définit, est le plus handicapé?
Est-ce uniquement nos manques qui déterminent ce que nous sommes ?
Comment se nourrir de l’autre sans « l’entamer », sans le dévorer, sans l’absorber ?
Faut-il avoir peur des OGM et des manipulations génétiques?
Autant de questions qui m'interpellent et auxquelles "j'essaie" de répondre sur cette page...
Le poète ne doit avoir qu'un modèle, la nature: qu'un guide, la vérité. Victor Hugo
L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. Jean Rouaud
Écrire, c'est lire en soi pour écrire en l'autre. RobertSabatier
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Me perdre dans la contemplation des nuages qui sans cesse changent de forme. Laisser mon esprit dériver dans l’immensité du ciel et m’envoler doucement derrière eux. Me laisser remodeler par le vent qui les sculpte et flotter à leur suite, légère et aérienne. Jouer à cache-cache avec le soleil et tour à tour, projeter sur la terre lumière et chaleur ou ombre et fraîcheur. Devenir révélateur, occulter ou dévoiler la beauté des paysages : les faire danser dans la lumière, s’évaporer dans les ombres ! Me laisser emmener sans retenue, lentement ou prestement au-dessus du monde. Me moquer des courants contraires ou de la direction à prendre, aller dans le sens du vent, simplement, en me laissant porter par le mouvement du temps. Me perdre dans la contemplation des nuages qui sans cesse changent de forme. Alors que tout semble immobile, observer la mouvance perpétuelle qui les agite et comprendre, dans cette contemplation, qu’à l’instar des nuages qui paraissent statiques, tout bouge, et que la vie, comme les nuages, passe lentement mais sûrement…
© Catherine Gaillard-Sarron 2008
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Les uns à côté des autres, les uns avec les autres… isolés, ensemble malgré tout. Nous ne sommes peut-être pas les individus complets et autonomes que nous croyons, mais juste les cellules d’un organisme inconnaissable. D'infimes éléments, distincts les uns des autres, qui composent un corps incommensurable et œuvrent à l'intérieur de manière spécifique et programmée. Comme nous n'avons pas conscience de toutes les cellules qui composent notre corps, du cœur qui bat pour le maintenir en vie, des poumons qui lui permettent de respirer et du cerveau qui contrôle toutes les fonctions vitales, peut-être n’avons-nous pas davantage conscience que nous faisons également partie d'un corps gigantesque qui se développe à l'infini, et qui, lui aussi, est doté d’une conscience, d'un esprit et d’une intelligence insaisissable, inimaginable. Un organisme colossal, dont nous ne pouvons mesurer la grandeur, dont nous ne pouvons soupçonner l’étendue et l’ampleur. Un corps qui échappe à notre entendement comme échappe à notre conscience le mécanisme même de ce qui nous maintient en vie. Un corps qui respire et vit. Grâce à nous et pour nous. Un organisme bienveillant qui prend soin de chacune de ses cellules et les habite toutes de sa conscience. Un corps à l’image du nôtre, indépendant et autonome, mais constitué de chacun de nous. Un corps dont nous sommes les composants, les cellules, et dans lequel nous évoluons sans en avoir conscience. À l'instar des cellules totipotentes, capables de constituer tous les tissus d'un corps humain, il est tout en nous et nous sommes tous en lui. Le Tout étant présent dans chaque partie, et chaque partie contenant le tout, à la façon d'un hologramme. Un corps sans lequel nous ne pouvons exister mais qui ne peut exister sans nous. Il est Un. Nous sommes Un.Ainsi, avoir conscience de son corps, c'est prendre conscience qu'il existe et le relier à son esprit. De même, avoir conscience de cet autre corps, c'est prendre conscience qu'Il existe et se relier à son Esprit! Peut-être sommes-nous le corps quand Dieu est l’esprit. J'aime l'idée que des milliards d'êtres, ou cellules, réunis à leur insu à l'intérieur d'un même organisme, font, indépendamment de leur volonté, corps, pour assurer l'existence du Corps habité par l'Esprit. Comme j’ai conscience qu’une entité supérieurement intelligente et sensible existe au-delà de moi, que je ne peux connaître, ni même penser, mes propres cellules, elles aussi, ont peut-être le sentiment qu’il existe un esprit au-delà d’elles-mêmes. Un esprit qu’elles pressentent et dont elles perçoivent la présence, mais qu’elles ne verront jamais : en l’occurrence le mien ! Si en tant que cellule, j’ai conscience du corps du monde et de l’esprit qui l’anime, mes propres cellules ont peut-être également conscience de mon corps et de mon esprit. Et ainsi, cette conscience : flux, fluide, vibration ? qui circule dans un mouvement ininterrompu et éternel – celui de la vie ? – qui traverse tout ce qui existe et l’anime de son souffle, de son étincelle, ne pourrait-elle être la substance qui tient, colle tout ensemble, le courant qui pareil à une guirlande électrique illumine le Vivant de sa lumière ? Car tout est l’un dans l’autre, imbriqué, intriqué. Tout est interdépendant, lié, relié. Peut-être y a-t-il même un espace, un trou au fond des gigantesques trous noirs comme des plus infimes particules élémentaires. Un passage qui permet à la conscience de circuler et d’animer la vie... Une conscience qui telle un collier, retient et réunit sur son fil les perles de la vie et de tout l’Univers... Et si la respiration du monde était celle de Dieu ? Si l'air qu'il expirait était celui qui nous respirons ? Et si la conscience que nous avons de Dieu était tout simplement la conscience que nous avons de sa Présence en nous, parce que nous sommes en Lui et qu’il Est en nous ? Et si cette conscience était la substance dont toute chose est constituée ici-bas? Et si notre âme, l'essence même de cette substance, était Dieu, sa matière…
Texte publié dans le recueil Es-Tu là... 2012
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Pourquoi déployer en son nom autant d’énergie, d’argent, de temps ? Qu’apporte-t-elle ? Aux autres ? À soi ? Créer apporte de l’énergie et génère de la force donc créer des relations en engendre aussi. Mais créer des relations c’est surtout chercher à faire naître de l’amour là où n’existe que l’indifférence. Et manifester la volonté de réunir, de rassembler, d’organiser une fête, c’est devenir l’artisan d’un dessein plus universel : celui de faire tourner l’amour, dans sa famille, dans la société. C’est privilégier la relation, la porter entre tous et s’en sentir responsable. L’amour est salvateur et comprendre cela c’est tout simplement contribuer au maintien de l’équilibre et de l’harmonie dans le monde. Ainsi, pour moi, la fête est à l’image de la vie, et à l’instar de la vie qui pour donner du fruit a besoin d’une rencontre et d’amour, la fête requiert également la rencontre et l’amour pour créer du fruit : la réunion de plusieurs cœurs qui battant de concert ne veulent plus qu’être un… comme l’enfant naît de l’amour de ses parents. Faire la fête, réunir sa famille et ses amis, c’est donc participer à une fête plus grande : celle de la vie ! car célébrer l’amour c’est célébrer la vie même ! Et l’amour, quel qu’il soit, est une énergie formidable, incomparable, qui nourrit et fortifie toutes les relations. Tout ce qui est donné en son nom fructifie et ne sera pas repris. L’amour fait fleurir la joie. C’est pourquoi il ne faut négliger aucune occasion d’aimer et ne pas hésiter à planter, toutes les fois que cela est possible, des graines d’amour autour de soi. Profondes et solides seront alors les racines qui vous relieront à ceux que vous aimez et à la vie, nourrissant vos relations et vous protégeant de la solitude. Regrouper ceux qu’on aime autour de soi, c’est comprendre que nous avons besoin les uns des autres et qu’en nous aimant les uns les autres nous générons une énergie puissante, salvatrice et pacificatrice qui rejaillit sur chacun de nous et nous entraîne dans un mouvement dont la finalité même nous échappe. Car réunir, n’est-ce pas unir autour ? N’est-ce pas tendre vers l’Unité même ! Aimer, il n’y a rien de plus beau ! dit la chanson. Aujourd’hui, je sais que c’est vrai. Je l’ai appris de la vie. Parents, frères, sœurs, mari, enfants, famille, amis, autant de cœurs à aimer, autant d’occasions de donner et de recevoir amour, affection et amitié. En vérité, rassembler ceux qu’on aime pour un repas, c’est convier l’amour à sa table : c’est créer les conditions favorables à son épanouissement et à celui de chacun des convives. C’est devenir le véhicule d’un flux extraordinaire et choisir de le faire circuler entre tous dans un désir de communion ! Ainsi, faire la fête, c’est contribuer au maintien et au développement des conditions favorables à l’amour, et l’affection et l’amitié qu’on y déploie viennent alimenter ce creuset universel où se nourrit toute existence et où se joue l’essentiel. Car sans amour, pas de vie ! Et sans les autres pas d’amour, pas d’amitié, pas de relations ! Tout est lié. Tout est mouvement ! Un grand et beau mouvement que je vois comme une spirale ascendante entraînée par le souffle et l’énergie de l’Amour. Toujours lui !
Mais existe-t-il autre chose qui soit vraiment plus important ? Texte publié dans le recueil Es-Tu là... 2012
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L’Amour ne meurt pas, il ne meurt jamais : il est Éternel. Quand les êtres chers que nous aimons disparaissent, l’amour que nous leur portons ne doit pas disparaître avec eux. Cet amour doit être reporté, redistribué, recyclé. Il ne doit pas se perdre dans les plis du cœur et du souvenir mais, comme une source vive, jaillir au-delà de nous. Il doit poursuivre son cours éternel, rejoindre le Grand Courant dont il est issu et vivifier dans ce périple tous ceux qui voyagent avec lui. Inépuisable source à laquelle chacun peut venir apaiser sa souffrance et étancher sa soif d’affection, l’amour est aussi la plus belle chose qui nous reste de ceux que nous avons aimés lorsqu’ils nous quittent : leur dernier don. Cet amour qu’ils nous ont inspiré, qu’ils nous vouaient, doit leur survivre… car l’amour est vivant et c’est à travers lui que les défunts restent présents dans notre esprit. L’amour est éternel et il est immortel. Et sa mémoire ou son énergie continue d’exercer son pouvoir par-delà la mort en rayonnant sur les vivants. N’enterrons pas l’amour avec ceux qui meurent. Offrons-le en retour. Faisons-le circuler autour de nous pour guérir et aimer encore, même si l’objet de notre amour a disparu. Dans cet acte de foi est la survivance de notre propre capacité à aimer. Car l’amour, comme une roue à aubes, plonge ses vibrantes palettes dans la Source de toute chose et dispense son énergie à tous ceux qui l’alimentent. L’amour doit être partagé. Il ne sert à rien pour soi seul. Et s’il ne nous appartient pas, il nous appartient de le faire croître dans les relations que nous tissons au cours de notre vie. Car cet amour qui forcit et grandit en nous tout au long de notre existence participe d’un cycle vertueux et magnifique qui va bien au-delà de nous et peut changer le monde si chacun en prend conscience. Ne laissons pas se perdre l’amour. Ne gaspillons pas cette précieuse énergie. Aimons-nous les uns les autres et faisons ensemble tourner la grande roue de l’Univers. Utilisons comme un puissant outil réunificateur et pacificateur cette force incomparable qui nous entoure et nous anime, et la mort ne nous apparaîtra plus comme une fin ou un anéantissement, mais comme une continuation, un accomplissement, une rémanence de l’Amour…
Texte publié dans le recueil Chant d'adieu 2012
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« On peut se battre contre l’invasion d’une armée mais pas contre une idée dont le moment est venu ! » Victor Hugo. Il transgresse les principes et les lois millénaires, mélange, transforme, transmute la matière, la redéfinit, la reconstruit, la trahit ! Le transgénéticien traque, séquence, brade et manipule à l’envi nos origines et notre patrimoine. A l’infini il combine et recombine, recompose et s’approprie ce qui appartient à tous. Il dépossède l’humain de son humanité, réduit le vivant à une valeur marchande et au profit. Il remet en question l’essence même de l’homme - le profane - lui vole sa mémoire, ses pensées et sa conscience le ravalant dans cette nouvelle société, à un produit de consommation en série. En son nom et celui du progrès, on dépouille, spolie et pille les pays de leurs richesses et de leurs diversités, brevetant à tour de bras tout ce qui vit ; matière première par excellence des sorciers de demain. Inconscient ou indifférent à ce qu’impliquent ses recherches, le transgénéticien clone, duplique et réplique avec exaltation. Il modifie, désorganise, efface de manière irréversible la mémoire du vivant et de la nature, tuant la diversité, brisant l’harmonie, semant le chaos, pervertissant et dénaturant par ces actions l’ordre et l’âme du monde. Le monde de demain est aux mains d’apprentis sorciers qui jouent sans gêne avec les gènes de la vie. Bouleversant le monde ils veulent changer la donne, créer de leurs mains un nouvel homme, une nouvelle race, de nouvelles espèces. Ils veulent jouer à Dieu, « fabriquer » du vivant ! Dans ce monde où les nouvelles limites sont celles de l’imagination, où les frontières physiques et biologiques n’existent plus, où les seules lois sont celles du marché et du fric, où les croyances et l’espérance auront disparu, que deviendront les hommes ? Soumise à la folie démesurée des scientifiques, nouveaux dieux modernes de la civilisation « High Tech », l’humanité devient matière première biologique, matière à créations, à actions, otage d’une dérive mercantile et industrielle qui réinvente et façonne la vie en laboratoire. Après avoir volé à l’homme sa liberté, son intelligence, sa mémoire, ses pensées et sa conscience, on le dépossède à présent de ses cellules et de ses gènes. On le déconstruit, on le reprogramme, on le recrée, on le fait disparaître ! L’homme moderne a mis en marche sa propre disparition, le monde de demain ne lui appartiendra plus. Etranger sur sa propre planète avec pour seuls dieux, les machines, les chimères et les monstres qu’il aura lui-même créés, l’homme aura cessé d’être un homme ! Il avait été créé à la ressemblance de Dieu, il veut aujourd’hui créer des créatures à sa ressemblance. Changer ou disparaître ?
Dans un monde où Dieu n’existe plus qui pourra nous garder des fous ? « Science sans conscience n ‘est que ruine de l’âme !» Rabelais « Et si l’aventure humaine devait échouer... » Théodore Monod © Catherine Gaillard-Sarron 2003
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Il ne voit pas... ou ne peut pas entendre. Il ne peut pas parler... ou tendre la main qu’il n’a pas. Il ne peut marcher, courir...ou simplement se tenir debout. Il pense le monde autrement quand le monde le pense autre. Aveugle, muet, sourd, difforme, emprisonné dans un corps différent, disgracieux ou déficient, « Il » est handicapé. Et pourtant qui, de l’handicapé ou de celui qui le définit, est le plus handicapé ? Est-ce uniquement nos manques qui déterminent ce que nous sommes ? Et si oui, qui peut se dire entier et complet ? Qui peut se dire « normal » quand la norme n’est qu’un critère, un principe établit en conformité avec des règles et des jugements qui fluctuent et varient selon les époques et les sociétés ?
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L'AUTOMNE
L’automne est là ! Incendiant les feuillus, dévorant les talus. Il flamboie ! Partout dans la nature éclate sa beauté, ravageuse et brûlante. Palette exubérante d’un peintre fou, la nature explose de couleurs et s’enflamme, incandescente et lumineuse. Juxtaposant les tons mordorés, chaleureux, les ocres et les rouilles qui se consument, il brille de mille feux et s’embrase, offrant aux regards attentifs, apothéose avant la fin, sa beauté transcendée, immolée avant l’hiver. Taches ensanglantées en plein cœur d’un ciel de cristal, les fruits rouges d’un sorbier jauni, perles de sang enchâssées dans l’azur, rappellent que l’automne est une agonie, que cette agonie est beauté et que l’agonie de la beauté est souffrance. Pareille aux feuilles qui tourbillonnent et parsèment d'or et de vermeil les sentiers des campagnes, la beauté, éphémère et fragile, s'envole au-delà des hommes, au-delà du monde et tapisse de son doux souvenir le cœur des humains, laissant dans la dégradation de la matière comme dans la souffrance de son absence, naître le désir de la faire renaître. Éphémère et fragile, pareille aux feuilles qui tourbillonnent, la beauté, comme la vie qui la porte, s'envole au-delà des hommes, au-delà du monde, tapissant d'or et de vermeil les sentiers des campagnes comme les cœurs des humains de son doux souvenir, y laissant, dans la dégradation de sa matière, comme dans la souffrance de son absence, naître le désir de la faire renaître. Insaisissable, la beauté est indéfinissable et pourtant essentielle, apportant par son éclat la joie dans nos vies ; nous reliant, à travers elle, à cette part de nous-mêmes, mystérieuse, souvent inconnue mais vibrante et présente. Dans sa contemplation elle nous met face à ce qui nous échappe, imposant par ce qu'elle est l'évidence de sa nécessité : l'évidence que toute beauté, toute vie, porte, précède sa mort ; que c'est cette évidence qui engendre la souffrance mais que c'est aussi la souffrance qui nous relie à la beauté et la vie à travers la conscience que nous avons de leur fugacité. La beauté EST la poésie de la vie ! Attachés à l’essence même des choses, seuls l’esprit et la sensibilité, yeux ouverts sur l’invisible, sur l’âme, peuvent le comprendre, le ressentir et… véritablement le voir !
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La plus haute vertu de l’homme est l’accueil de l’amour en lui. Ce qu’il nous faut avant tout cultiver, ce ne sont pas la volonté, la raison ou la science, c’est l’aptitude à l’inspiration : elle est une révélation, une animation intérieure qui transforme toute l’existence.Louis Evely
Je l’ai sentie, imperceptible d’abord, tel un souffle léger, aérien… inaudible presque… Ailes de papillon froissées se déployant soudain, fragiles et magnifiques hors de la chrysalide… rides frémissantes vibrant à la surface de l’onde… bruissement d’ailes, vol de pollen… Puis elle a enflé, remontant par vagues, lentement, régulièrement du tréfonds de mon âme ; volcan éruptif, rivière gonflant et débordant de son lit pour déferler sur la plage de mon esprit, me submergeant toute entière de sa puissance créatrice. Oui, je l’ai sentie respirer, palpiter à l’unisson de mon cœur, m’habiter… Vivre en moi ! Feu secret et sacré, tapi au fond de ma conscience, incendiant mes pensées de ses flammes, crépitant dans ma tête, faisant jaillir de mon esprit des milliers d’étincelles et des gerbes d’émotions ; éclairant mes idées, m’illuminant de sa clarté… Sentie s’installer en moi… devenir mes yeux et mes oreilles… se fondre en une vison universelle, totale, embrassant tout, embrasant tout, révélant jusque dans le détail et l’infime, la totalité, l’essentiel ! Attestant la présence du vent et de la Grâce dans le miracle transparent des ailes dorées des libellules… dans la délicatesse infinie des roses, ciselées, créées pour ne vivre qu’un jour… dans les flocons de neige, cristallines merveilles pansant la terre noircie... dans l’insaisissable immatérialité de l’arc‑en‑ciel ! Ô muse divine ! Je te sens venir gonfler mon cœur d’allégresse, ouvrir mon âme à l’ineffable, capter l’indicible, transmuer les mots en un langage subtil, réveiller tout ce qui sommeille et le révéler : éblouissement, éclatement noétique de milliards de particules d’où jaillissent l’esprit, la pensée… la vie ! Feu intérieur à la beauté sauvage, brûlant, qui ravage, réchauffe et purifie ; insatiable passion sur laquelle passe le souffle de l’amour merveilleux qui crée, sublime, transcende et métamorphose en une symphonie flamboyante l’automne qui se meurt transcendant la mort en une promesse de renaissance. …Caresses de l’air, de l’eau ; chaleur du feu, odeurs, étreintes des corps, de la terre, nourricière… Regards de lumière, gestes nature, voix du monde, eau, larmes, flux, baisers de vie… Ô oui ! Je te sens bien, inspiration ! Venir du dedans, venir du néant ! Texte publié dans le recueil Extrêmes limites 2007
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LE JARDIN DE L'UNIVERS
La poésie est le jardin de l’Univers et les poètes en sont les jardiniers car à l’instar des vers de terre qui aèrent le sol, les vers des poètes aèrent l’Univers. Ils parlent le même langage : celui du monde.
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DU RIEN AU TOUT
Quand je suis partie arpenter les chemins, mon cœur était plein… plein de choses inutiles. Et il sonnait creux… creux du vide qui l’habitait. Il était lourd dans ma poitrine et pesait sur chacun de mes pas, laissant dans la terre molle l’empreinte de son poids. Puis, tout en marchant, j’ai respiré le vent, j’en ai humé les odeurs. J’ai entendu le murmure de l’eau et des feuilles qui frémissaient sous la brise. J’ai regardé le paysage qui étincelait sur l’horizon et les oiseaux qui le traversaient d’un trait d’argent. J’ai contemplé les nuages qui jouaient avec le soleil et la lune opalescente accrochée aux montagnes. Tous les sens en éveil j’ai levé les yeux vers le ciel et mon regard s’est élargi à son immensité. Parcourue d’un souffle inconnu, mon âme, tel un oriflamme, s’est déployé dans l’espace et mon cœur s’est ouvert. Il s’est ouvert en grand et le vide qui l’habitait a soudain disparu. Alors je l’ai rempli à ras bord de soleil, de senteurs et de vent. Je l’ai rempli de tout ce que je respirais autour de moi dans la nature ; rempli comme un ballon de tout ce que je voyais, entendais, percevais et ressentais, l’allégeant de tout ce qui obstruait ma pensée, de tout ce qui me faisait mal… de tout ce qui m’encombrait. Je l’ai empli de Présence et de silence, évacuant le tumulte et la solitude. Empli de paix et de sérénité, chassant la frénésie et la vacuité du monde. Je l’ai empli de l’indicible et du subtil qui imprègnent toute chose. J’ai regardé et j’ai vu tout ce qui échappait aux hommes. J’ai vidé mon cœur de son rien pour le remplir du Tout. Un instant, j’ai goûté à la félicité et j’ai été touchée
Texte publié dans le recueil Extrêmes limites 2007
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Des nuages vaporeux qui s’étirent dans le ciel et se déploient… aux formes de nos rêves. L’infinie douceur des cerisiers en fleurs. Un parterre de jonquilles ; une morille dans son écrin de verdure. Le soleil éclatant qui nimbe la campagne de lumière et de chaleur. Le foin fraîchement coupé et la pénombre accueillante de la forêt. Une fraise odorante dans l’herbe verte… que l’on cueille et qui fond sur la langue. La senteur délicate d’une rose sauvage ; les perles de rosée qui ourlent de nacre sa robe veloutée. L’eau de la cascade qui jaillit vivifiante de la montagne, ruisselle sur la mousse et couronne les rochers d’une brume irisée. Un scarabée doré qui s’avance, hésitant entre les cailloux d’argent. Les blés qui ondulent sous le vent ; les cerises accrochées aux oreilles. Les hirondelles qui crissent dans l’azur et les enfants qui rient. Les pommes et les noix sous les arbres ; le feu qui crépite dans l’âtre. Les feuilles d’automne qui tapissent les sentiers d’or et de pourpre, et le vent qui les soulève en gerbes flamboyantes ; le brouillard et ses volutes nostalgiques. Les vendanges et le vin qui mûrit dans les fûts. La neige immaculée ; la fumée des cheminées dans la nuit d’obsidienne. L’aïeul chenu, perdu dans les draps blancs de l’hiver et la glace, fragile, où sautille un rouge-gorge ; les profonds sillons noirs des guérets, gelés, en attente du printemps… de la vie. Les saisons qui passent et repassent, le vent, le soleil et la pluie, la montagne et la mer. Et le jour et la nuit, les étoiles et la lune… Un voile de mariée, un bébé qui dort… une fête en famille, une fête entre amis, une main qui se tend, une main que l’on prend, un rêve, un sourire, un baiser, un regard, une pensée Succession infinie de tableaux, d’images, de couleurs et de senteurs ; patchwork émotionnel vibrant, infini, tissé d’instants précieux et magiques, uniques, en suspension dans la mémoire, qui enveloppe, réchauffe, étreint de sa nostalgie et rappelle avec force la fuite du temps et de l’existence ; collier de perles de vie, chapelet qu’on égrène, prière au souvenir, à l’espérance, le bonheur est là ! Dans ces moments fugaces, volatils et insaisissables, vides de matériel mais si pleins d’essentiel. Il est là, évident et invisible, offert au regard qui sait le déceler. Là, dans ces instants éphémères, ces petits miracles quotidiens : fragiles étincelles qui illuminent de leur éclat le gris du quotidien et éclaire de cette simple vérité le regard et le cœur de ceux qui savent les saisir… et les apprécier.
3e prix catégorie poésie libre Montmélian le 18 novembre 2006 Texte publié dans le recueil Es-Tu là... 2012
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La bise souffle à mes oreilles son air glacé mais ne me distrait pas du paysage grandiose et sublime qui s’offre à mon regard. Je marche et je pense... je pense et je regarde…et je comprends, avec humilité, dans la contemplation des montagnes lointaines, ma véritable condition. Au-delà de la fureur des hommes, au-delà de la folie des hommes s’élèvent indifférentes, vigies à l’horizon, les montagnes millénaires, immenses et rassurantes et mon regard meurtri sur ces pics éternels, témoins impuissants mais permanents de l’histoire, s’adoucit et retrouve dans leur stabilité, leur immanence, la sérénité et la paix qui manquent tant au monde. Passe la vie comme un fleuve capricieux, charriant avec lui la boue et le sang des hommes, envahissant puis dévastant plaines, villes et vallées, emportant dans ses crues le génie et la folie des hommes, leurs rêves et leurs cauchemars, la grandeur et la décadence des civilisations, roulant dans ces flots tumultueux l’avenir incertain du devenir de l’homme… Mais moi, insignifiance dans ce temps, poussière de vie flottant juste un instant, je contemple et je me raccroche, impuissante mais consciente, à la seule vérité que m’offre le monde, le salut par la contemplation de la nature, par la compréhension que tout passe, que tout casse, que la vie comme le fleuve coule vers la mer et que rien ne peut l’entraver ou l’enrayer. Mais que, cependant, dans la simple beauté de la nature, dans l’amour de sa contemplation, il y a la paix et la rédemption et qu’à force de la respirer, de s’en imprégner, comme par une alchimie étrange, sa pureté devient vôtre et embellit votre âme. Les hommes peuvent bien s’entre-tuer jusqu’au dernier et me voler jusqu’à mon dernier souffle, c’est l’esprit libre de haine et de peur que je veux, comme les montagnes qui veilleront encore bien après moi, regarder de haut la folie des hommes, regarder de loin la fureur des hommes. © Catherine Gaillard-Sarron 08.10.01
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Nous ne voyons pas le monde tel qu'il est, mais tel que nous sommes. Kant Les gens croient que ce qu’ils pensent est juste et vrai, et selon leur point de vue cela est juste et vrai. Mais ce qu’ils pensent passe à travers le filtre de leurs émotions et cela modifie la perception qu’ils en ont. Impliqués émotionnellement dans ce qu’ils pensent, ils ne sont pas capables d’une réelle objectivité. Ils projettent sur l’autre leurs émotions, leurs schémas, leurs façons de voir les choses. Ce qu’ils voient n’est pas la réalité. Il y a une sorte de distorsion de la réalité. Une distorsion de la perception. Ce qu’ils perçoivent est réel mais ce n’est pas la vérité. La vraie réalité des choses n’existe pas. Ou alors elle existe mais personne ne sait la voir vraiment car, tous, nous la percevons d’une manière différente. D’une certaine façon, chacun de nous est un monde à part entière : avec sa topographie, son environnement particulier, ses codes, ses lois, ses idées, son langage etc. Au bout du compte, sans s'en être vraiment conscient, nous nous mentons constamment, et nous mentons également aux autres. Et si nous nous mentons et que nous mentons aux autres, c’est parce que nous avons peur de la réalité. Nous avons peur de la voir telle qu’elle est et, plus que tout, nous avons peur de nous voir tels que nous sommes. Alors, pour supporter ce que nous ne pouvons accepter de voir, nous travestissons la réalité et recourons aux faux-semblants. Nous la recouvrons des oripeaux de la mauvaise foi, nous l’habillons des haillons du mensonge. Nous sommes des voyants non-voyants et nos lunettes sont plus noires que celle des aveugles. Tous, nous nous voyons différents de ce que les autres voient.... et pourtant ce que les autres voient existe aussi ? Alors, quelle est la réalité ? Et qu’est-ce qui est vrai ? Ce que l’on voit ou ce que l’on pense voir ? Ce qui est ou ce que l’on croit être ? Ce que l’on croit voir et qui pourtant n’est pas ? Voir vrai, c’est peut-être renoncer à ses émotions. C’est déshabiller son regard de tout sentiment intérieur. C’est aller vers les choses qui nous sont données à voir le regard nu et vierge de tout préjugé. C’est poser son regard sur chaque chose comme si c’était la première fois qu’on la voyait. C’est ouvrir ses yeux et regarder le monde tel qu’il est. C’est enfin apprendre à voir ce qui est et seulement ce qui est.
© Catherine Gaillard-Sarron 03.02.04
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UN REFLET DIVIN
Il y a une étoile, mise dans le ciel pour chacun de nous, assez éloignée pour que nos erreur de viennent jamais la ternir. Christian Bobin dans Ressuscité
Parce que je crois que la vie, que ma vie à un sens, qu’il existe quelque chose ailleurs, qu’une entité existe, supérieure et immanente au-dessus des humains, me vient une idée qu’il me plairait de voir devenir vraie ! Si je pars du principe que Dieu n’existe pas, alors ma vie ne peut qu’avoir un sens terrestre avec la finitude et la mort qui lui est rattachée, mais si je crois en Dieu, alors le ciel, l’univers entier me sont ouverts et je peux espérer, d’une manière ou d’une autre, m’y dissoudre, m’y perdre peut-être, mais, qui sait ? Peut-être aussi m’y régénérer voire y ressusciter un jour ! Mon hypothèse est la suivante : Ce que nous sommes sur la terre ne serait que le reflet de nous-mêmes ; notre vrai moi, notre vrai être serait auprès de Dieu (on postule qu’Il existe). Prés de lui, notre véritable nature, sans frein ou inhibition aurait eu tout loisir de se développer harmonieusement tandis que sur la terre, soumise, manipulée, contrainte à la vie, elle ne se développerait pas bien et ne représenterait donc que le pâle reflet de ce que nous serions réellement. Mais cette étape terrestre serait nécessaire pour mesurer à sa juste valeur le bonheur que nous retrouverons à notre mort. Nous avons le sentiment du beau, de l’amour, de la justice et de la compassion en nous parce que tout cela existe déjà en nous, accordé par Dieu. Sur la terre notre reflet s’en souvient, bien que cela soit profondément enfoui et ne resurgisse qu’à certains instants, particuliers et rares. Toutes ces choses seraient un héritage de Dieu qui nous les rappellerait à travers la conscience dont Il nous a dotés. Si une âme est consciente et qu’elle croit en Dieu, plus qu’une autre elle cherchera, par tous les moyens, à aller vers cette perfection divine qu’elle pressent. Quand le reflet humain meurt, l’âme se retrouve telle qu’elle a toujours été, vierge de l’empreinte des hommes ; et c’est la révélation et la renaissance merveilleuse. Naître enfin à soi-même ! Car nous avons le choix, le libre arbitre, et chacun peut choisir d’aller vers ce qu’il pressent en ouvrant totalement son cœur et son âme à Dieu. Alors comme une porte qui apparaîtrait de façon magique, quelque chose s’ouvre en nous ; une réaction mystérieuse se produit et réactive ce qui existait déjà mais était en veilleuse, en attente. Dès lors une attraction irrésistible s’opère et mène inexorablement l’individu vers « L’Aimant Central », Dieu, qui par son amour crée l’attraction nécessaire à la réunion du reflet et de la vraie personne. Notre ombre dans la lumière nous rappelle peut-être que nous ne sommes qu’un reflet...
© Catherine Gaillard 22.6.02
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LA DIFFICULTÉ N'EST PAS D'AIMER
Tout le monde aime quelqu'un ou a aimé quelqu’un un jour. Tous nous ressentons ce besoin d'attachement, ce besoin d'être relié à l'autre, d'aimer ! C'est une nécessité, un besoin fondamental pour exister. Éprouver ce sentiment pour une autre personne peut s'expérimenter jour après jour et tout au long de la vie, c'est une réalité. Ce sentiment peut se vivre intensément, passionnément, tendrement, douloureusement, tragiquement mais il se vit réellement, concrètement. Nous en sommes les auteurs et les acteurs et, en ce sens, nous avons conscience de ce que nous donnons. Nous le contrôlons et parce que nous aimons, nous pouvons avec certitude connaître le prix de ce que nous ressentons véritablement pour l’autre. La difficulté, en vérité, n’est pas d’aimer, car nous savons quand, comment et qui nous aimons. La difficulté réside dans l'assurance de se savoir aimé en retour. En effet, comment savoir si l'autre nous aime vraiment. Autant qu’on l’aime ? Comment s'en assurer ? C’est évidemment impossible… à moins de lui accorder une confiance totale et illimitée. Et cette attitude n’est pas facile car faire confiance c’est accepter de remettre son cœur et son existence entre les mains d’un autre : c’est lui donner un pouvoir sur vous. Cela implique également de lâcher prise d’une situation que l’on maîtrise plus ou moins, sa vie, son présent, pour aller vers l’inconnu et un avenir dont on ignore tout. Cette impossibilité de s'assurer avec certitude que l'autre nous aime réellement nous rend donc méfiants et nous pousse à être sur nos gardes, aussi ne donnons-nous pas tout ce qui serait nécessaire à l'épanouissement de la relation. Fruit des échecs successifs et des expériences malheureuses qui jalonnent toute existence, cette incertitude détermine en conséquence notre aptitude ou notre incapacité à faire confiance à l'autre et colore d’angoisse toutes nos relations, car, derrière elle, ce sont avant tout la peur de l'abandon et de la souffrance qui hantent nos esprits et nous empêchent de nous sentir véritablement aimés. Si l'amour c'est exister dans le regard de l'autre, alors nous devons accepter d’exister dans le regard de l’autre comme nous acceptons qu’il existe dans le nôtre. Ressentir l'amour de l'autre, se savoir aimer de lui, c'est exister, c'est s'accorder l'estime et le respect nécessaires à l'élaboration de toute relation. C'est développer sa confiance en soi et devenir capable de l'offrir à un autre. Aimer ! c'est tout simplement croire, en soi et en l'autre.
© Catherine Gaillard-Sarron 2000
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C’est le prix que nous accordons au lien quand nous avons compris que nous pouvions le perdre…. ou que nous en avions besoin. C’est accepter l’idée de se laisser « attacher » par l’autre, emmener par lui, mais en toute conscience et avec confiance malgré le fait qu’il puisse ne pas nous être attaché aussi fort. L’attachement ne se choisit pas vraiment. Il est arbitraire et s’impose à nous. Il répond à un processus indépendant de notre volonté propre ; nous ne le maîtrisons pas. L’attachement c’est reconnaître son besoin de l’autre et en accepter le prix implicite à travers cette ramure affective qui pousse en soi-même et nous relie désormais à lui. La souffrance née de cet attachement est à la hauteur de la valeur que nous lui reconnaissons. Plus nous sommes attachés plus nous avons peur d’être abandonnés ; plus nous aimons plus nous avons peur d’avoir mal ; la parade consiste à ne pas s’attacher pour ne pas souffrir. Mais alors, comme un voyageur solitaire vit dans l’instant, le temps court, sans jamais prendre le temps de « planter » et d’attendre la récolte, nous aussi en ne nous engageant pas, nous ne ferons que passer sur les choses, les survolant, sans prendre le temps de les approfondir et sans en mesurer l’importance. Le voyageur est un nomade qui ne veut pas s’enraciner, il pense, ainsi, être libre de toutes contraintes et de toutes attaches, mais son mouvement continuel et incessant devrait le pousser à s’interroger sur les raisons qui induisent cette fuite en avant. Où va-t-il ? Que cherche-t-il ? Que fuit-il ?
S’imposer jour après jour d’avancer peut procéder aussi bien d’une quête de liberté que d’une tentative de libération ! La liberté comme la vérité revêtent des formes multiples. Chacun a les siennes propres et chaque choix induit des conséquences qu’il faut assumer. Ce qui semble liberté à l’un est contrainte pour l’autre et ce qui est contrainte pour l’autre devient liberté pour l’un. Marcher pour se sentir libre et sans attaches ou marcher pour se fuir et se libérer des ses propres attaches ? Peu importe au fond, le but étant de se retrouver et de se relier à ce nous sommes véritablement pour enfin vaincre le vide qu’il y en en nous et qui nous fait si peur ; car c’est là que doit se tisser le lien premier, celui qui déterminera tous les autres. Marcher ou ne pas marcher, là n’est pas la question, définitivement, car pour mettre en marche ce qui nous est essentiel, les seuls mouvements nécessaires à cette démarche sont à faire sur soi-même et en soi-même car TOUT est déjà en nous. Néanmoins, vouloir créer des racines nécessite en premier lieu de se poser suffisamment longtemps quelque part sur la terre pour qu’elles puissent s’y déployer. Et c’est aussi après avoir créé le lien premier qu’il sera possible de le « tendre » à quelqu’un d’autre. Car l’homme est ainsi fait que bien qu’il apprenne très tôt à ne compter que sur lui-même, il a, paradoxalement, besoin des autres pour s’épanouir. Le prix de cet épanouissement est l’attachement et s’attacher « librement » à l’autre participe de sa propre libération puisque c’est accepter de recevoir de l’autre et de donner à l’autre. Pour tisser un lien il faut donc non seulement être prêt à donner, se donner, mais également et surtout, être prêt à recevoir, à accueillir l’autre. Il faut s’être affranchi des attentes et des besoins qu’on a de l’autre, des exigences et du désir du contrôle d’autrui ou de soi-même. Il faut être devenu suffisamment libre envers soi-même et les autres pour enfin accéder au vrai partage avec l’autre. Alors, ouvert à l’autre, c’est avec confiance que pourrons accepter de ne plus avoir le contrôle des événements et que nous pourrons nous laisser emmener vers des lieux ou des bonheurs que nous nous interdisions.
© Catherine Gaillard-Sarron 6.05.04
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Comme d’un plat exquis on ne peut, une fois rassasié et malgré son envie, manger encore, je ne peux aimer plus que j’aime. Et bien que je sache que le plat, comme celui que j’aime, puissent m’être enlevés, je ne peux ni manger, ni aimer plus que je le fais, au moment où je le fais. Je constate douloureusement qu’il est impossible, en une seule fois, de combler, de remplir, et pour la faim et pour l’amour, le besoin infini qu’on peut en avoir. Je peux mettre en réserve les choses que j’aime manger, mais je ne peux faire de même pour l’amour et le besoin que j’en ai ; on ne se rassasie jamais de ceux qu’on aime. Et c’est là, la source de mon désespoir ; constat de mon impuissance à garder et retenir auprès de moi, malgré mon attachement, ceux que j’aime, mais qui ne m’appartiennent pas, et sur lesquels mon amour n’a pas de prise. J’ai besoin de ceux que j’aime tous les jours pour vivre, à l’instar de la nourriture ou de l’air que je respire. Je sais aussi que cela n’est pas raisonnable car cette attache m’aliène et les aliène également, enfermant la relation dans un lien étouffant et malsain. L’amour serait-il de lâcher prise ? L'attachement, en définitive, emprisonnant davantage celui qui le ressent que l'autre, libre de se laisser attacher… ailleurs.
Comment, dès lors, se nourrir de l’autre sans le dévorer, sans l’absorber? Comment se nourrir de l’autre en le laissant entier tout en lui permettant de se nourrir de soi? Comment nourrir l’autre de ce que je suis… ? Comment le nourrir sans se laisser « manger » et sans le « manger » ? En déliant le lien peut-être, en lâchant prise de ce qui semble besoin pour aller vers l’échange, le partage, l’offrande, le don de soi ! En respectant l’autre dans son intégrité, son espace et sa solitude ; en accédant au statut d’adulte libre et responsable. Parce que j’aime celui que j’aime, je veux devenir libre et me lier à lui sans l’attacher, le nourrir de moi sans le gaver, me faire aimer de lui sans le « bouffer »… et qu’il devienne cet autre pour moi aussi. © Catherine Gaillard-Sarron 11.02
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Il est urgent de prendre son temps ! Comme un train file sur ses rails et avale à grande vitesse les kilomètres qui le sépare de sa destination, file notre existence sur la terre, dévidant à toute allure les années qui la sépare de sa disparition ! Et pareils aux paysages qui défilent flous derrière les vitres du train, défilent et s’enfuient derrière nos paupières closes les instants de notre vie éphémère. Le monde va trop vite et nous emporte dans sa frénésie, nous dérobant dans sa course effrénée le temps qui nous était imparti. Il nous étourdit par son accélération et nous entraîne follement dans son courant, nous aspirant corps et âme dans un tourbillon redoutable. Aveuglés par la vitesse nous ne voyons plus rien des paysages de notre vie qui passent si vite que même leurs souvenirs s’estompent et disparaissent de notre mémoire, nous laissant vides et insatisfaits derrière les vitres de notre existence. Libres, nous sommes pourtant captifs de ce convoi, qui nous isole de nous-mêmes, et nous nous perdons sans fin dans les couloirs interminables de wagons bondés de routines aliénantes, de gadgets dérisoires et de bagages inutiles ; tant de choses qui nous semblent indispensables pour vivre. Passagers d’un TGV infernal, nous fonçons endormis vers notre fin, oublieux de la vitesse vertigineuse à laquelle nous nous déplaçons et sans regarder par la fenêtre où se déroule la vie même. Et pareils aux poteaux kilométriques qui défilent à folle allure le long des voies, filent à fond de train les ans de notre existence nous rapprochant toujours plus vite de notre terminus… À vous qui me lisez, je souhaite, pendant qu’il est encore temps, de prendre conscience de ce train qui nous emporte tous à tombeau ouvert vers une nuit éternelle. Et si vous dormiez, rêvant derrière les vitres de votre vie, de vous réveiller très vite, de descendre à la prochaine gare, de prendre un minimum de bagages avec vous afin de ne point vous encombrer, de regarder toutes choses autour de vous et de…VIVRE, enfin.
© Catherine Gaillard-Sarron 16.01.06
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C’est la volonté qui crée. Sans ce préalable à tout acte, rien ne peut exister. La volonté est la force première qui va donner l’impulsion à l’idée ou à la pensée. C’est elle qui va permettre la mise en mouvement et en action de ce qui a été réfléchi ou pensé. Sans volonté pas de création possible, pas de vie possible. Elle est le moteur de l’indépendance et de l’autonomie et c’est dans la volonté que se trouve la liberté. La liberté est un choix. Nous avons le libre-arbitre et, en ce sens, c’est à nous de choisir d’être libre ou aliéné à un système, quel qu’il soit. C’est par la force de notre volonté que nous pouvons agir, créer et nous libérer. La volonté est la force qui nous permet de nous projeter en avant. C’est elle qui nous fait avancer ou nous paralyse quant elle fait défaut. Elle est la clé quand le véhicule est le désir. La volonté est un puissant instrument de transformation et de création. Elle est à la source de toute chose. Elle est l’origine de toute chose. Il y eut le néant puis le verbe et les choses furent créées. Il a bien fallu une volonté au départ de cette action. Et c’est par la volonté du créateur que les choses on pu s’exprimer et s’incarner, à travers le Verbe. « Que ta volonté soit faite » ! Telles sont les choses : la volonté est l’énergie originelle qui a fait jaillir du néant toute la création. Ainsi, pas de création ou d’action possibles sans, à la base, la force de la volonté ! « Que votre volonté soit donc faite, ainsi soit-il » !
© Catherine Gaillard-Sarron 01.06.04
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RÉFLEXION D'UNE MIETTE DE PAIN
Elle se rendit compte qu’elle n’était qu’une miette de vie mais que cette miette, toute insignifiante qu’elle fût, ne pouvait que provenir d’un pain, quel qu’il soit ! Il ne pouvait y avoir de miette si le pain n’existait pas au préalable. Pas de pain, pas de miettes tout simplement ! Elle en déduisit donc que c’était bien le pain qui donnait vie aux miettes. Celles-ci provenaient de lui. Elles lui appartenaient. Elles étaient sa mie, sa chair, ce qui le composait, lui donnait sa nécessité et sa raison d’être ! C’est ensemble qu’ils constituaient le corps.
© Catherine Gaillard-Sarron 29.12.04
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Les gens croient aimer les objets mais ce sont les sentiments, les souvenirs et le temps passé avec l’objet qu’ils aiment. Ils aiment ce qui les relie à l'objet. Ce que l’objet représente plus que l’objet lui-même. Ce n’est pas ta rose qui est importante, dit le renard au Petit Prince, mais le temps passé à t’occuper de ta rose qui rend la rose importante à tes yeux. Quand on comprend que l’objet n’est que le support qui permet aux sentiments de s’incarner en lui, alors nous pouvons conserver l’essentiel de toutes choses et nous débarrasser des objets, donc du matériel.
© Catherine Gaillard-Sarron mai 2009
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Il y a les mots, il y a les émotions. Les mots sont des véhicules ou des ponts qui permettent de relier les gens entre eux. Même s’ils semblent impuissants à traduire les sentiments qui nous agitent, ils restent les véhicules privilégiés qui permettent aux émotions de circuler. Ils peuvent sembler vides mais ne ils sont jamais vains quand l’amour et la compassion les animent. Car ce n’est pas tant la forme que le fond qui importe. Comme les cordes de l’instrument conduisent les notes à nos oreilles et font entendre leur mélodie grâce à leurs vibrations, de même les mots sont des véhicules qui transportent nos émotions à notre esprit ou notre âme et font vibrer notre cœur à leur musique inaudible.
© Catherine Gaillard-Sarron 27.04.11
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"Voici notre grand défi : vivre au cœur du problème et ne pas être remis en cause par lui, telle est la joie de la liberté. " Tulku Urgyen Rinpoché 7.8.09 Est-ce mal de vouloir faire bien ? Poser cette question n’est-ce pas mettre le doigt sur nombre de problèmes de la société et des êtres humains ? Si on observe comment les choses se passent dans le monde on s’aperçoit vite qu’on écarte, pour ne pas dire élimine, les bons éléments, les honnêtes, les intègres et les probes du système. Que tout est fait tout pour les décourager et les démotiver. On les éjecte des endroits où ils veulent et pourraient apporter le bien et la justice, où ils pourraient changer les choses. Leur désir de transparence est insupportable, aveuglant. Ces êtres-là dérangent, bousculent, perturbent, troublent, contrecarrent ce que d’autres ont patiemment construits dans l’ombre. Leurs vertus sont source de moqueries. Pis, elles sont utilisées contre eux pour les manipuler et les détruire. Ils sont tellement impeccables que tous les déteste. On ne remercie pas ces gens-là, on les discrédite, on les humilie, on les licencie, et on les balance, tant ils mettent en lumière la noirceur de ceux qui les fustigent. On écrase ce qu’on ne peut atteindre. La justice ne sert pas les honnêtes gens mais les nantis. Les grandes sociétés et les multinationales ne sont pas aux mains des humanistes mais de requins avides et ultralibéraux. Et la politique est faite par et pour des hommes qui ne veulent et ne voient que leur intérêts et pas celui des citoyens. S’en mettre plein les poches et obtenir pouvoir et puissance, voilà à quoi sert la politique. Et la liste est longue. Tout nous montre que seuls l’argent et le pouvoir sont importants et que pour les obtenir tous les moyens sont bons : conspirations, manigances, corruption, escroqueries par milliards, coup d’état, crimes, terrorisme, dictatures, guerres etc. Le juste vient déranger, bouleverser cet ordre qui prévaut depuis des millénaires. Alors on l’exclut du système pour que tout continue toujours pareil. Ou il part de lui-même, laissant les crabes dans leurs paniers et les loups se dévorer entre eux. Les gens ont tellement bien intégré les rapports de force et la notion de dominant dominé qu’ils se soumettent sans discuter au système. Ils ont également si bien intériorisé le fait que la société est un lieu dangereux réservé à la compétition et à la magouille qu’ils cautionnent ce même système en vous empêchant même, parfois, de faire aussi bien que vous le pourriez de crainte de vous voir déstabiliser un système dans lequel ils ont leur place et qu’il ne veulent par voir remis en question. Un système qui fonctionne très bien. Mais nous faisons tous partie du problème et en acceptant un système défaillant, sans chercher à y remédier, nous consolidons le pouvoir de ceux qui l'ont crée et nous en devenons les complices, car la soumission renforce l'oppression et accentue la désertification sociale et morale qui assèche la société. Comment changer un système qui fonctionne ainsi depuis le début du monde ? On ne peut pas ! Les révolutionnaires étant rapidement repérés et mis hors d'état de nuire, la seule alternative est d'en sortir. Car, oui, il y a bel et bien deux mondes, incompatibles, celui de la lumière, de la justice, du cœur et de l’esprit et celui de l’ombre, des magouilles, de l'argent et du crime. On ne peut pas changer cela. À mon sens, la seule façon de survivre si l’on se sent du côté de la lumière et de la justice c’est de sortir de celui de l’ombre. Sinon on s’y perdra corps et âme. Nous sommes les milliards de pistons d’une machine conçue pour générer un profit dont nous ne profiterons jamais mais que nous faisons tourner sans nous poser véritablement de questions. Une machine qui, au final, broie sous ses pilons tous ceux qui la font tourner. Les esclaves des temps modernes ! C’est pourquoi rien ne change et ne changera jamais car les êtres honnêtes et intègres qui essaient changer le système, et pourraient le faire si on leur en laissait la liberté, en sont systématiquement élimés par mobbing, burn out, licenciements, démissions, complots, assassinats... Malgré leur bonne volonté, ils se rendent vite compte que ce labeur de Sisyphe est inutile et les entraîne de surcroît dans un cercle vicieux qui les pervertit. Comprenant que ce monde est entre des mains obscures et que leurs efforts n'y changeront rien, ils n'ont d'autre choix que de sortir du système pour survivre. Au pire certains retournent leurs vestes pour s’adapter au système et au final rien ne change et tout continue exactement pareil... Pour contrer cette désertification morale et sociale, ces "Survivants" deviennent artistes, poètes, écrivains, musiciens, peintres, sculpteurs... Ils se mettent à créer en puisant à l’intérieur d’eux-mêmes les éléments qui permettront aux autres de toucher du doigt, au travers de leurs œuvres personnelles, à l'universalité de cette vérité à laquelle ils aspirent et que tous pressentent car tapie en chacun de nous. Ainsi tentent-ils, par l'Art, de freiner cette désertisation qui pervertit les êtres. Sauver le monde par la beauté. Par la pureté des âmes des créateurs.
Les humains sont faits pour le bien c'est pour cela qu'ils se sentent mal quand ils ne font pas le bien... Phrase extraite du livre Le Champ de Lynn Mac Taggart
L'art, c'est le reflet que renvoie l'âme humaine éblouie de la splendeur du beau. Victor Hugo © Catherine Gaillard-Sarron 07.07.13
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Ma poésie est simple. Elle est le fruit de mon expérience personnelle et n'a pas la prétention de rivaliser avec les poètes enseignés à l'école. Elle est simplement la somme de ce que je suis. Le moyen d'expression qui me convient le mieux pour dire ce que j'éprouve. Elle m'aide à clarifier mes émotions, à me comprendre et à comprendre le monde. Elle est mon instrument de création pour exister au monde. L'instrument qui me permet de faire apparaitre ce qui est caché, invisible, mais que je sens tout autour de moi et au plus profond de moi. Elle est le véhicule qui transporte mes émotions, le voile qui révèle la forme, le langage de prédilection qui me permet de dire ce qui me touche le plus : l'Amour, la Beauté du monde... Sensible, perméable, poreux, à l'écoute du vent, de l'eau qui ruisselle ou des feuilles qui bruissent, le poète se laisse pénétrer, imprégner par tout ce qui l'entoure. Filtre, éponge, médium, il absorbe, retransmet et redonne sous formes d’émotions, d'images et de métaphores ce qu'il a vu, perçu, entendu et ressenti. Il participe de la vie même. Il en témoigne.
© Catherine Gaillard-Sarron 24.03.10
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Écrire c’est un élan du cœur vers l’esprit... C’est transmuer l’émotion en pensée, la pensée en réflexion et la réflexion en mots. C’est faire parler son ressenti et tenter, en le reconnaissant, de faire apparaître ce qui n’est pas encore dit, pas encore né. C’est s’efforcer de mettre au monde les non-dits, les non-vus, les non-compris et de les faire vivre au travers du langage : outil de communication par excellence, passerelle qui nous mène de l’ombre à la lumière, instrument magique qui nous sort du néant et nous donne, en incarnant notre pensée, la seule vraie liberté : celle qui nomme et met des mots sur ce qui n’existait pas ! C’est faire affleurer à la conscience ce qui n’était que limbes. C’est déconstruire ce qui est et bâtir ce qui n’est pas. C’est cultiver avec persévérance les fruits et les fleurs de son jardin secret. C’est faire fleurir les pensées en germes, développer les bourgeons d’idées. C’est attendre patiemment qu’ils arrivent à maturité et qu’ils s’épanouissent en raisonnements. C’est planter les semences à venir en moissonnant autour de soi tout ce qui peut nourrir l’imagination et la réflexion. Écrire c’est jardiner sa terre intérieure, c’est se faire pousser soi-même ! C’est relier en bouquets extraordinaires les fleurs de sa vie et récolter, la saison venue, les fruits de sa propre existence. C’est ouvrir la porte entre cœur et esprit Et retrouver le chemin du jardin éternel...
© Catherine Gaillard-Sarron 12.12.05 |
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